par FlatFab » Jeu 9 Oct 2014 01:33
Concrètement, vous aurez besoin d’équipements d’hiver si vous roulez par une température ambiante inférieure à 5°C et pendant plus de 15 km. C’est en moyenne à partir de cette distance que le corps commence à se refroidir (variable en fonction de la vitesse et de la protection de votre véhicule).
Veste et pantalon doivent être imperméables tout en assurant une protection thermique maximale.
Toutefois, je précise de suite que des vêtements moto hivernaux, même bons, se révèlent en général insuffisants à réellement préserver du froid. Ils sont là surtout pour isoler, pas pour vous réchauffer. Ce que vous porterez en-dessous pourra seul retenir la chaleur de votre corps.
Et de toute façon, je vous le dis d’expérience, après des milliers de kilomètres parcourus en hiver, sur le bitume, la terre, la neige et le verglas, de la Norvège au Maroc, du bord de mer à plus de 2.000 mètres d’altitude, par des températures jusque -25 degrés… on finit toujours par avoir froid !
C’est obligé. Le vent relatif créé par la vitesse vous refroidit, car il abaisse la température par rapport à la température réelle ambiante.
Quoi que vous fassiez, après des heures et des heures de route, le froid gagnera peu à peu toutes les couches de vos vêtements, jusqu’à votre peau. Sauf si vous avez une source de chaleur externe (par des équipements chauffants, par exemple),
Tous ces conseils ne sont donc destinés qu’à retarder l’apparition du refroidissement.
La veste.
Choisissez de préférence une veste trois-quarts à un blouson, pour éviter les filets d’air au niveau de la taille (à condition bien sûr de disposer d’un cordon de serrage en bas).
Assurez-vous qu’elle présente un bon joint thermique au niveau de la fermeture éclair centrale, avec si possible un double rabat décalé: ça prend du temps à fermer, mais c’est très efficace.
Une veste d’hiver doit cumuler les aspects pratiques avec des poches en nombre (et étanches à l’extérieur comme à l’intérieur), une bonne étanchéité, un col montant, confortable (non irritant) et suffisamment large pour accueillir un tour de cou ou un plastron.
L’ajustement des manches par scratch, velcro ou fermeture éclair est préférable aux pressions, moins réglables.
L’idéal est de choisir un modèle doté d’une ou deux doublures amovibles afin de faire varier l’épaisseur en fonction des variations climatiques.
Une liaison par zip avec le pantalon, afin d’éviter les remontées d’air dans le dos, constitue un avantage. Plus le zip d’assemblage est long et fait le tour de la taille, mieux c’est.
Le pantalon.
Un pantalon d’hiver doit être épais, résistant et remonter assez haut pour ne pas laisser passer l’air.
Choisir de préférence un modèle à bretelles qui ne comprimera pas le ventre et protégera les reins.
Evidemment, les protections contre la chute, homologuées 1621-1, comprendront des coques aux genoux ainsi que des plaques de mousse sur les hanches, voire le coccyx. Un bon pantalon doit s’ajuster correctement au niveau des mollets, de manière à bien enserrer les bottes.
Personnellement, quel que soit le choix du pantalon d’hiver, je conseille vivement le port d’un sous-pantalon, un caleçon long, un collant… à porter à même la peau.
Pas besoin d’un produit spécial moto, un bon caleçon long Damart ou B'Twin fait bien l’affaire.
Si l’équipement est un élément essentiel pour rouler confortablement, il ne suffit pas d’enfiler un blouson ou une veste estampillée « grand froid » pour se mettre à l’abri: les performances de ces vêtements s’avèrent inégales et souvent décevantes.
A défaut de pouvoir tester soi-même l’ensemble des gammes des différents équipementiers, il faudra se référer aux essais menés chaque année par la presse moto spécialisée, notamment « Motomag » et « L’Intégral », qui réalisent régulièrement des comparatifs de vêtements d’hiver.
Pour être économe, soyez prévoyant : les vêtements moto d’hiver s’achètent à pas cher en été, lors des soldes de juillet.
Reste à optimiser l’efficacité de vos vêtements par une utilisation adaptée.
La règle de base est de superposer plusieurs couches d’habits (généralement trois), de façon suffisamment ample pour pouvoir bouger, tourner la tête, ne pas comprimer les articulations (coudes, épaules, bassin, cou, genoux), ni oppresser la cage thoracique.
En effet, sous l’effet du froid, le travail de l’appareil cardio-respiratoire est renforcé. Le rythme et l’intensité des inspirations-expirations augmentent, le plus souvent sans que nous en ayons conscience. Veiller à ne pas trop serrer les divers passants, sangles et ceintures.
Ne tombez pas dans la « paranoïa de la couche » en vous disant: « au plus je mets de couches, au plus j’aurai chaud ! »
Au contraire ! Au plus il y a de couches, au plus vite vous transpirez, ce qui refroidit la peau. De plus, si vous n’avez pas de vêtements respirants, cette sueur reste sur la peau et vous refroidira encore plus. Un t-shirt, un pull (ou une sous-veste) et une bonne veste suffisent bien souvent.
Pour conserver la chaleur, gardez à l’esprit la règle des trois couches.
La première couche est portée à même la peau, en général constituée d’un sous-vêtement technique constitué de deux épaisseurs, une face interne en polyester, polyamide ou polypropylène, qui va se charger d’évacuer l’humidité, et une face externe (en laine par exemple) qui va sécher rapidement tout en assurant une isolation thermique. Préférer les coupes ajustées, au plus proche de la peau, avec maille extensible (style Lycra). Proscrire absolument les vêtements en coton qui n’évacuent pas l’humidité et ne sèchent pas. Des sous-vêtements de randonnée, de ski ou d’alpinisme, trouvables en grandes surfaces de sport, ou le bon vieux Damart font parfaitement l’affaire.
Quelques exemples de fibres techniques: Dryflo, Carline Polartec, Capilène, Coolmax, Confortemp, Thinsulate, Primaloft…
La deuxième couche assure l’isolation et le maintien de la chaleur produite par le corps.
Constituée de fibre polaire triple couche, légère et peu épaisse, elle remplace avantageusement un gros pull de laine qui procurerait une sensation d’engoncement. Une simple polaire, à moins d’être doublée d’une couche coupe-vent, laisse passer le vent, elle devra être portée avec une couche supplémentaire de protection (en Windstopper, par exemple) pour être efficace. On trouve des sous-vestes très bien chez Décathlon dans la gamme Forclaz.
Principaux matériaux utilisés dans cette catégorie: Microfleece, Polarfleece, Polartec, Windpro…
La troisième couche assure la protection contre le vent, la pluie et la neige.
Exemples de membranes coupe-vent: Windbear, Windstopper, Antifreeze… Privilégiez une protection extérieure respirante et imperméable: membrane Gore-Tex (exclusivement par DuPont qui fournit de nombreux équipementiers) ou Sheltex (par Hein Gericke). Le prix du Gore-Tex est dissuasif (coût de la licence), mais le confort est au rendez-vous dés lors que vous avez une pratique hivernale assidue. Attention, l’appellation « GoreTex » ne suffit pas, regardez le nombre de couches (de 1 à 4), la protection n’est pas la même…
Un traitement déperlant peut constituer un avantage.
A l’inverse, évitez toutes les matières qui vont se gorger d’eau, notamment le cuir. Ou alors, il faut qu’il soit imperméabilisé hydrophobe et/ou surmonté d’une couche étanche, comme ne cominaison de pluie.
Oubliez le K-Way, la toile cirée et les autres matériaux étanches non respirants qui vont transformer votre veste en sauna.
Le Windstopper seul peut convenir, mais s’il pleut, il se transformera en éponge.
Les parties les plus sensibles et les plus exposées au froid de l’hiver sont sans conteste les mains et les pieds.
Les mains.
Les parties du corps les plus difficile à protéger car il faut limiter l’épaisseur des gants pour garder une bonne sensibilité des commandes.
Ici aussi, évitez de tomber dans la « paranoïa de la couche » ! Rien de pire que des mains comprimées, sans couche d’air autour des doigts pour les isoler. En cas d’engourdissement, lâcher une main du guidon et la secouer pour rétablir la circulation sanguine.
Un truc de sportifs, les pommades qui stimulent les muscles et activent la circulation sanguine, comme l’Akileïne, qui tonifie grâce à son mélange de caféine et de piment.
Par temps sec, des gants mi-saison, doublés de sous-gants de soie, peuvent faire l’affaire. S’il pleut, c’est une autre histoire et seuls des gants étanches en Gore-Tex (respirant) ou néoprène (non respirant) peuvent réellement protéger.
Une solution est d’enfiler des sous-gants à l’intérieur de gants d’hiver choisis exprès une ou deux tailles trop grands, afin de laisser une couche d’air entre le sous-gant et le gant.
Inutile d’acheter des sous-gants si c’est pour les mettre en plus de vos gants habituels. Les sous-gants risquent alors de comprimer les doigts, réduisant le flux sanguin, ce qui entraîne forcément un refroidissement plus rapide. Ils ne sont efficaces que dans des gants plus grands.
La solution « traditionnelle » la plus efficace par grand froid : les gants « trois doigts », dérivés des célèbres Segura Lobster (homard). Principe simple: l’index et le majeur d’une part, l’annulaire et l’auriculaire d’autre part se réchauffent mutuellement. A mi-chemin de la moufle et du gant, ils offrent plus d’efficacité contre le froid que les gants traditionnels, mais nécessitent un temps d’adaptation.
J’ai possédé une paire de gants HG « trois doigts », il ne m’a fallu qu’une demi-heure pour m’y habituer.
Certains mettent des sous-gants en plastique, comme des gants de chirurgien. C’est une solution, mais il est bien plus utile d’avoir la couche « coupe-vent » à l’extérieur du gant, et non à l’intérieur. La bonne vieille recette est donc de porter un sur-gant en caoutchouc, type gants Mappa de vaisselle. C’est ultra-moche, mais efficace et pas cher.
Les pieds.
Simple : des bottes très hautes doublées en Gore-Tex. Eviter les chaussures trop serrées qui limiteraient la circulation sanguine. Utiliser une paire de bottes plus grandes l’hiver pour pouvoir utiliser des chaussettes plus épaisses, qu’elles soient en laine ou en matériau technique. Les chaussettes en Coolmax ou Thinsulate pour rollers, montantes jusqu’aux genoux, renforcées au tibia et à la malléole, donnent de bons résultats, celles pour l’alpinisme aussi.
Pour les adeptes des concentres hivernales dans la neige, voyez du côté des spécialistes des produits « Grand Nord » comme Sorel pour les bottes et les chaussettes Monnet Yeti, conçues pour les explorateurs polaires. Là aussi, tailler grand.
Pensez que le sang qui va venir vous réchauffer les petons passe dans les jambes. Il faut le garder au chaud tout au long de la circulation. Un caleçon long vous protégera longtemps, efficacement et pour pas cher, surtout en Damart Thermolactyl triple couche.
Si vraiment vous craignez les engelures aux pieds, essayez d’abord la paille ou le papier journal dans les bottes (à l’avant, devant les orteils), puis des chaufferettes sous la plante des pieds, et enfin les semelles chauffantes (par BMW et Gerbing).
Le visage, la tête et les oreilles.
Un tiers de la déperdition de chaleur se fait par la tête, le visage et le cou. Le casque joue un rôle isolant évident: prenez un intégral bien fermé, et non un jet, si possible doté de collerettes et d’une bavette de menton. S’il fait vraiment froid, adoptez la cagoule moto ou éventuellement un « buff », un tour de cou extensible qui peut être utilisé comme un bonnet, une cagoule, un bandeau ou un tour de cou.
Il est fondamental de se protéger le cou car c’est là que passe le sang qui vient irriguer le cerveau, il faut absolument le maintenir à 37 degrés.
Evitez les grosses écharpes qui viennent vous engoncer, limiter la mobilité du cou et comprimer la gorge. Un plastron ou un tour de cou long et souple, en fibre polaire, en néoprène ou en laine, passé sous la veste en bas et bloqué par la jugulaire du casque en haut, constitue le meilleur rempart.
S’il pleut, il risque de se trouver mouillé et de vous refroidir vite fait, alors prévoyez-en un de rechange.
Les oreilles sont très sensibles au froid sous un casque mal isolé. Pour les protéger, vous pouvez utiliser un bandeau en matériau isolant type Windtex ou Windstopper, ou un masque en néoprène qui remonte sur les oreilles.
N’hésitez pas à utiliser une crème hydratante et protectrice pour les lèvres et le visage en cas de grand froid, pour éviter les gerçures.
Conseils généraux
Enfilez vos équipements de route au dernier moment, avant de partir pour une longue route en hiver.
En effet, les mouvements, les efforts que l’on fournit avant de partir, en arrimant les bagages, en allant ouvrir le portail, en chargeant la moto, en la poussant… font monter la température du corps. Il arrive parfois que l’on transpire, surtout si on porte sur le dos tout son harnachement « grand froid », bien épais, pas respirant et qui pèse lourd.
D’une part, la sensation de chaleur risque de vous faire enlever une couche qui vous fera cruellement défaut quelques kilomètres plus loin, quand vous vous serez refroidi.
D’autre part, la sueur dégagée va peu à peu se refroidir et accélérer votre refroidissement général.
Faites en sorte de ne jamais transpirer avant un trajet à moto en hiver.
Par contre, pendant que vous préparez la moto, posez vos vêtements moto sur un radiateur (mais pas un radiateur électrique !).
Les fibres vont absorber la chaleur et la restituer, pendant au moins quelques minutes, après quoi le contact de l’air froid les refroidira très vite. Cela ne vous préservera pas du froid, mais au moins, vous partirez au chaud, le temps de trouver la bonne position de conduite.
C’est particulièrement valable pour les gants car les mains se refroidissent très vite quand on prépare une moto à mains nues sous la bise. Et avoir les doigts au chaud, juste le temps qu’ils se réchauffent un peu, s’avère bien agréable au début d’une longue route hivernale.
"L'homme sage est celui qui connaît ses limites" (c) Clint Eastwood, alias "Dirty" Harry Callahan, in "Magnum Force" (1973)