Extrait de
http://moto-securite.fr/plateau-rapide/Cet exercice s’avère particulièrement délicat car il associe deux actions : un évitement (qui entraîne forcément une inclinaison de la moto) et un freinage.
L’impression de vitesse risque de paralyser nombre de candidats, même si la manoeuvre en elle-même n’est pas techniquement compliquée.
Je recommande de vous entraîner en dissociant d’abord ces deux actions : commencez par bien maîtriser l’évitement sans arrêt, sans freinage. A côté, entraînez-vous au freinage en ligne droite, sur l’exercice d’arrêt avec freinage dégressif (voir ci-dessus). Une fois que ces deux manoeuvres distinctes sont bien assimilées, commencez à vous entraîner à l’évitement avec freinage.
1. L’évitement
Encore une fois, regardez la zone d’arrêt, entre les quatre plots placés au centre de la piste.Ce point est particulièrement important : tout au long de la manoeuvre d’évitement, vous devez fixer votre point de sortie, là où vous voulez aller.
Si vous avez le malheur de regarder, de fixer, ne serait-ce que de jeter un coup d’oeil sur le « mur » de trois plots devant vous, en particulier sur celui dit de « tête d’évitement » (celui qui vaut C et que vous ne devez surtout pas toucher)… vous augmentez énormément le risque de percuter ce plot fatidique.
Dès que vous approchez du couloir d’évitement, vous devez absolument et exclusivement regarder la zone d’arrêt !Rappel : le renversement d’un ou plusieurs cônes de la tête d’évitement, quelle que soit la partie de la moto ou du conducteur ayant provoqué la chute du cône, entraîne la note « C ».
Bien faire la différence entre cône « touché » / « déplacé » / « renversé ». Un cône renversé, tombé, est forcément considéré comme une erreur. Un cône déplacé, qui doit être remis en place, constitue lui aussi une erreur. Un cône touché, ne nécessitant pas une remise en place, n’est pas considéré comme une erreur.
Autre point important, votre position sur la moto.Si on doit résumer, disons que le bas du corps doit être serré, groupé, tandis que le haut du corps devra lui rester souple, mobile, détendu, capable de bouger.
Inspirez profondément, expirez longuement, lentement, à fond, en relâchant les épaules, en faisant exprès de pousser les épaules et les coudes vers le sol. Vous allez forcément vous pencher un peu vers l’avant et fléchir plus ou moins les bras.
Les pieds doivent fournir un appui efficace sur les repose-pieds. Pour cela, ils doivent être serrés contre la moto, tout le côté intérieur du pied en contact avec la machine, et supporter l’appui du corps sur la partie la plus large du pied.
Donc, pas de pieds « en canard » (pointe de pied sortie vers l’extérieur), pas de pied avancé avec la pointe du pied sur ou sous le sélecteur, ni sur le frein arrière !
Le but d’une bonne position des pieds est d’une part de pouvoir serrer les jambes – donc les genoux – sur le réservoir, d’autre part de fournir l’appui nécessaire pour bouger sur la moto.
Le rôle des genoux est double : avant tout, sentir l’équilibre de la moto, et ensuite, influer sur celui-ci.
C’est la face interne des cuisses qui va vous donner les infos, vous faire ressentir l’équilibre et ses changements. C’est pourquoi il faut garder en permanence la plus grande surface de contact possible entre les cuisses et le réservoir, ce qui ne peut se faire qu’en serrant les genoux. Surtout en virage où on a souvent tendance à écarter le genou intérieur, dans une vaine tentative instinctive de trouver de l’équilibre.
Demandez à un camarade de se mettre pile en face du couloir d’évitement et de vous observer attentivement. Je parie qu’il vous dira que vous écartez le genou intérieur au moment de l’évitement…
Les épaules souples permettent d’agir sur le guidon de façon dosée, précise, en faisant l’effort avec le poignet et le coude, sans y ajouter la puissance de l’épaule qui ferait alors peser tout le poids du torse sur le guidon et risquerait d’exagérer la réponse de la moto.
Conséquence de tout ce que je viens de dire : les mains doivent rester légères sur le guidon, juste posées, pas serrées, pas crispées.
C’est le coude qui pousse l’avant-bras pour que la poussée de la main provoque l’inclinaison de la moto. Il faut vraiment pousser vers l’avant, comme si on voulait braquer le guidon, et non appuyer vers le bas. Le coude doit pousser, pas l’épaule.
Attention à un défaut très répandu au début : à cause de la crispation des épaules et de la raideur du dos, beaucoup de débutants ne poussent pas vraiment sur le guidon, mais se repoussent en arrière. Ils ont l’impression de pousser, voire de pencher. Mais en fait, ils inclinent à peine la moto.
Facile à diagnostiquer : si en poussant sur le guidon pour incliner, vous vous retrouvez avec le bras tendu, c’est que vous vous repoussez sur le guidon.
Rappelez-vous, à plus de 30-35 km/h, le guidon ne peut pas tourner ! Vous allez appliquer une pression sur lui, mais votre bras fléchi ne doit pas, ne peut pas se tendre. S’il se tend, c’est que vous repoussez votre corps en arrière.
Vous devez pousser sur le guidon du côté où vous voulez tourner, ce qui va incliner la moto de ce côté, et accompagner un minimum la machine avec le bas du corps, en déhanchant (je n’ai pas dit en sortant les hanches de l’axe vertical de la moto).
Ce qui suppose – encore une fois – un bassin souple, détendu, pas rigide.
Profitez de la ligne droite pour vérifier votre bonne position sur la moto et placez votre regard sur la zone d’arrêt.
Vous arrivez en 3e sur le couloir d’évitement, à une vitesse d’environ 50 km/h.
Apprenez à vous caler à vitesse stabilisée, juste en-dessous de 50 km/h.
Attention à ne pas couper les gaz, ni freiner avant le début du couloir d’évitement, gardez bien l’allure stable jusqu’au bout.
Dès que la roue avant s’engage dans le couloir (donc dès que vous ne voyez plus les premiers plots au sol du couloir), coupez les gaz.
Vous ne devez surtout pas garder de l’accélération pendant l’évitement. Et bien sûr, vous devez encore moins freiner à ce moment-là, cela « verrouillerait » votre moto qui ne pourrait pas s’incliner.
A peine une seconde après avoir coupé les gaz, commencez à incliner.
Ne déclenchez pas votre évitement dès l’entrée dans le couloir, vous ne feriez que percuter le second plot intérieur du couloir. Attendez une petite seconde de ne plus voir ce plot.
Pour éviter le « mur », appuyez fermement, franchement sur le guidon du côté où vous voulez aller.Aucune autre technique ne fonctionne. Ne sortez pas les épaules, n’écartez pas le genou intérieur, ne vous penchez pas. Cela ne sert à rien et ne fait que parasiter votre mouvement. Poussez simplement votre main vers l’avant, comme si vous vouliez avancer l’avant-bras.
Gardez le torse droit, presque vertical.
Le bas de votre corps accompagne la moto, d'où l'importance de garder le bassin souple.
La moto s’incline et se déporte.
Laissez-la se déporter ! Ne la relevez pas tout de suite. Gardez les yeux sur votre zone d’arrêt et dès que vous êtes bien en face d’elle, redressez la machine.
Je vois beaucoup d’élèves vouloir redresser tout de suite après avoir incliné et du coup, toucher le plot de tête d’évitement.
Redressez la machine et ralentissez en ligne droite, sans vous arrêter.
Voilà, si vous arrivez à faire tout cela à la bonne vitesse sans toucher de plot, vous savez pratiquer l’évitement.
"L'homme sage est celui qui connaît ses limites" (c) Clint Eastwood, alias "Dirty" Harry Callahan, in "Magnum Force" (1973)