Ayant menti en annonçant une petite hivernale du 10 au 11 janvier, c'est bien le soir du mercredi 9 que nous nous sommes mis en routes depuis nos crèches respectives, ou presque : il est 20h01 et je viens de terminer ma journée de boulot. Le temps de m'équiper façon motard-cosmonaute pour la deuxième fois de la journée, et direction une aire de l'autoroute A1, 80km plus au Nord, où j'ai donné rendez-vous à 21h15 aux deux courageux inconscients qui ont décidé de rouler dans mon échappement pendant deux jours... Sans repasser par la maison, sans passer faire un bisou à Madame Spoky, sans même enfiler des vêtements plus confortables pour rouler...
Je vous passerai l'épopée passionnante que furent ces 80 kilomètres de 2x2 voies à travers les autoroutes A5, A104 et A1 car à vrai dire, je n'en ai plus mémoire saillante !
Mais en arrivant sur le parking de l'aire de repos susmentionnée, je vois une moto garée et un mec tout de fluo vêtu me regarder m'approcher : merde, 'core un gilet jaune ! L'idée de m'enfuir moteur hurlant m'a traversé l'esprit, puis j'ai pensé à une malheureuse coïncidence, alors j'ai ramassé mon courage et je me suis approché. En me garant à côté, sans même oser regarder le bonhomme, j'ai grogné un "Splinter ?", lequel a reçu l'approbation que j'espérais. Alors, enfin, je me suis décidé à regarder l'animal qui pensait que partir en Belgique en plein mois de janvier était une bonne idée : il avait (et a toujours) une bonne gueule, et une moto propre, fraîche et brillante (et des manchons jaune fluo, tu t'es cru au cirque, eh ?!).
J'avais reçu un appel téléphonique de mrverdur juste avant d'enfourcher ma moto (80 bornes plus tôt pour ceux qui faisaient couler le café pendant l'intro) m'annonçant qu'il venait de finir le taf, qu'il passait en catimini chez lui et se mettait sur la route aussitôt. Il risquait d'avoir quelques minutes de retard, j'ai répondu qu'à cela ne tienne brave compagnon, le lac n'est point enflammé !.
Et bien figurez vous qu'à l'heure où je suis arrivé, pile à 21h15 d'ailleurs, au point de rendez-vous, ce dernier me rappelle pour me dire "je pars de la maison !"
Bon, on va au chaud alors, hein Splinter ? J'ai payé 9€ pour un plat de pâtes dont la moitié étaient sèches et une glace à la Framboise, puis 3€ pour un café au lait, ça commençait bien
Splinter et moi avons donc eu le temps de manger, boire, échanger nos hobbies, adresses et numéros de téléphone, ainsi que planifier la date de notre futur mariage et sélectionner les invités lorsque tout à coup, un mec casqué fait irruption dans le bâtiment : "si c'est pas mrverdur je lui casse la gueule !" Mais c'était lui, alors on a pris la route, à trois, jusqu'à Compiègne, qui n'était plus qu'à une toute petite cinquantaine de kilomètres afin d'aller dire au revoir à ce jour pour mieux accueillir les deux suivants !
Nous avons eu le péage gratuit grâce à des résistants affublés de vestes haute-visibilité dont la couleur dominante est entre l'orange et le vert dans un arc-en-ciel, sommes arrivés au Première Classe a une heure dont je tairais la valeur (pour ne pas choquer les âmes sensibles), avons récupéré nos "clés" de chambres à la borne automatique (le personnel n'avait pas eu la décence de nous attendre, salauds !), puis pour faire connaissance avec mrverdur, nous n'avions pas décidé de discuter pendant deux heures dans ma chambre (c'était la plus grande), mais nous l'avons fait quand même.
Un peu plus de quatre heures plus tard, le réveil sonne : la routine matinale habituelle avant de me diriger vers le buffet du petit déj'ner, où la tôlière a eu un petit peu de mal à comprendre que je consommais l'un des trois petit déj'ner payés par l'unique occupant de la chambre 8, par punition pour son retard de la veille. Vu sa rapidité d'esprit (à la tôlière, pas Laverdure !), j'en ai profité pour lui expliquer qu'un deuxième petit déj'ner sera consommé par l'occupant de la chambre 15, quelque fois que Splinter ne soit pas aussi patient que moi de bon matin...
Ce dernier arrivera environ cinq minutes après moi, alors que nous aurons besoin d'aller réveiller notre troisième comparse, qui n'y arrivait visiblement pas tout seul
Premier constat du matin :
Les motos ont gelé... chouette !
Alors ça s'équipe bien, ça enfiche bien le cache-col dans le casque, ça vérifie bien qu'il n'y ai pas de courant d'air à travers l'équipement, ça met trois jours à faire fonctionner un gant chauffant récalcitrant, puis ça prend la route façon "hit the road, Jack"...
Les premières heures du matin seront l'occasion de faire la démo du sujet de discussion de je n'sais plus quand, "pourquoi j'aurais beaucoup de mal à voyager sans une roue de 19 pouces à l'avant" : la moindre tentative de mettre plus de 4° d'angle (à la louche) se solde par un début de glisse de l'avant, très vite rattrapé par le train avant hyper vif de mon camping-car à deux roues (tel que décrit par les ignorants profanes qui me servent de collègues de travail), mais qui donne quand même un petit frisson à chaque fois (ou bien est-ce la température proche des 32° Fahrenheit ?).
Il semblerait donc qu'à l'instar de nos motos, les routes soient verglacées, et malgré la sinuosité du trajet proposé par mon Tom², nous allons devoir faire preuve de retenue et de souplesse dans notre conduite.
Plus tard, plus loin, une vue furtive sur le côté de la route captera mon attention au point de faire demi-tour pour aller voir de plus près : à Vermandovillers, dans la Somme, sont stockés dans la (grande) cour d'une maison quatre autobus, dont deux de la RATP, aujourd'hui reformés. Pour la minute connaisseur, il s'agit d'un Renault Agora L (articulé), anciennement affecté aux lignes 62 puis 27, et d'un Scania Omnicity 18 (articulé également) ayant servi pendant 12 ans sur la ligne 283, alias Orlybus. Trois lignes du dépôt de Quais de Seine - Ivry, où j'ai travaillé pendant deux ans, trois lignes sur lesquelles j'ai donc roulé, et par conséquent ce sont deux bus que j'ai déjà conduit, un jour
Voilà voilà, la séquence nostalgie est terminée !
Un nombre indéfini de kilomètres plus tard nous franchissons la frontière Franco-Belge quelque part entre les communes de Bailleul et de Nieppe, dans le département du Nord, où une station essence positionné à environ 3,40 mètres du panneau "België" nous permettra de constater l'écart d'environ vingt centimes au litre du prix de l'essence en Belgique. En faveur des belges, comme en témoignent la foule de voiture immatriculées en France dont les propriétaires, non contents de faire le plein, remplissent aussi des jerricanes avant de repartir par où ils sont arrivés.
La pluie nous accueillera en même temps que le légendaire chaleureux accueil des Flamands envers des francophones -d'où qu'ils viennent-, et bien que très faible, ne nous quittera qu'après avoir repassé la frontière dans l'autre sens...
À un moment, je ne sais plus trop quand, nous sommes arrivés au B&B Quarterhouse, dont je suis extrêmement satisfait de la trouvaille, après avoir roulé un peu moins de 300km sur des routes d'une largeur moyenne de 1,90m. Certains prétendront que j'avais préparé un roadbook à l'arrache, la vérité est que je n'ai rien préparé du tout et ai fait confiance au mode sinueux de mon vieillissant néanmoins vaillant GPS "double-Tom". Et qu'une fois de plus, il ne m'a pas déçu
Après un court instant de répit dans nos chambres respectives, nous sommes repartis en direction de Bruges, à 12km de là, afin de brièvement (re)visiter mais surtout nous restaurer, chers amis !
Nos plats du soir, typiquement belges, du coup : pizza végétarienne, spaghetti bolognaise, mais surtout, des linguine sauce-tomate-huile-d'olive-mais-à-part. Et pour ceux d'entre nous (et vous) qui l'ignoraient jusque là, des linguine, ce sont des pâtes plus épaisses que des spaghetti mais plus fines que des tagliatelli (sic!!). Je lève mon verre à ce serveur, tout émoustillé à la vue de Splinter revenant des toilettes, qui s'est senti dans le besoin de nous expliquer chaque plat ou boisson de la carte que l'on osait prononcer à haute voie, alors que nous annoncions simplement notre commande.
"Moi je prendrais une Hoegaarden rosée s'il vous plait" - "Hoegaarden rosée c'est bière de framboise, oui ?".
Ce même serveur, qui à chaque fois qu'il passait à notre table, semblait bon de nous rappeler que nous étions désormais amis, pour la vie. Voici votre addition chers zamis ! Puis qui prendra congé de nous, soulagés par le silence qui s'en suivrait, soudainement en italien "Grazie, prego !"
Une balade digestive, une recherche vaine de gaufres (spoiler : la Belgique, c'est le pays de la gaufre), et nous retournerons à notre étape du soir, où je me suis égoïstement réservé la seule chambre pourvue d'une baignoire (c'est passke chuis l'orga !), où j'ai bien entendu pris un bon bain pendant quatre heures et demi, et où je n'ai bien entendu pas oublié de rappeler à mes voisins de chambre que moi, j'avais une baignoire !
_______________________________________________
Le lendemain matin, hélas, c'est déjà le dernier jour, et il faut déjà retourner en Île-de-France Et comme l'on s'était mis d'accord sur que faire et où aller, on a fait tout le contraire
Ce qui inclut :
Dabber comme un ado turbulent, à la frontière hollandaise
Prendre en photo un camion au port industriel de Zeebrugge parce que "oulala dis donc ça en fait beaucoup des essieux, ça !"
Et se rappeler que quelqu'un, dans le groupe, disait la veille que "les routes sont pas si sales pour un mois de janvier !" (je balance pas mais c'est sa moto sur la photo)
Et autres turpitudes, telles que tracer ~150km d'autoroute pour gagner du temps perdu, ne glisser qu'une seule fois dans un seul virage, celui où un semi-remorque arrivait en face, réaliser que la nuit tombe et raccourcir encore le chemin du retour, et ramener des chocolats belges à ses enfants, achetés en France
Je clôture ce compte-rendu par le point culture venu des néerlandais, saviez vous que l'Advocaat est une liqueur, à l'origine faite à base d'avocat par les Néerlandais du Suriname, mais qui de retour au pays(-Bas), n'ont trouvé que l’œuf comme substitut ? Il s'agit donc d'une liqueur de jaune d’œuf sucrée, et qui a un goût absolument infâme sur une gaufre de conception très française, payée plus cher qu'un plat de pâtes à moitié sèches. Merci la Belgique
D'ailleurs, je cite une dernière fois Splinter, si nous reviendrons ici, ce ne sera pas pour l'hospitalité ! ___________________________________
Pour une fois, les absents ont eu raison, faire de la moto en janvier c'est vraiment couillon Rendez-vous en janvier prochain
Comment vous nagez bien chef !
Modifié en dernier par JethCrow le Mar 15 Jan 2019 09:06, modifié 4 fois.
Raison:Modification du titre
L'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne
La moto c’est comme du panaché pour un alcoolique : y en faut beaucoup avant d’être satisfait. Il faut se l'avouer, l'idée de cette virée est folle. Sortir la moto en plein hiver pour se taper 1000 bornes en deux jours, il faut être timbré .
On a beau être un motard pur et dûr, les conditions hivernales comptent parmi les pires que l'on peut rencontrer. La chauffe des pneus étant très difficile à ces époques, il faut adopter une conduite coulée et proscrire les gestes brusques sur les commandes, et remettre à plus tard les accélérations « boulet de canon » .
Pour les détails de cette virée, Spoky nous a promis un CR aux petits oignons. Mais pour résumer : départ mercredi soir en direction de Compiègne pour y passer la nuit, histoire de faire un peu de bornes et ne pas avoir à se lever très tôt jeudi matin, mais aussi pour éviter une arrivée très tardive à Bruges jeudi.
Nous avons donc passé la nuit à Compiègne. Au réveil on constate que les routes étaient verglacées et que nos motos avaient changé de couleur pendant la nuit. Il fallait donc faire attention pour espérer rentrer avec la fourche devant et le bras oscillant dernière .
Départ en direction de la frontière belge, et une fois cette dernière franchie, quelques heures plus tard, la pluie nous a accueilli pour ensuite nous accompagner jusqu'à notre logement ...mais rien de bien méchant. De toute façon, et comme l'a indiqué Spoky dans le titre du CR, "en Belgique il pleut". Ce sera le cas le lendemain aussi, sur le trajet du retour, jusqu'à la frontière française .
Arrivée au B&B vers 17h30, bel accueil, cadre sympa à proximité des cheveaux et de très belles chambres ! Bravo Spoky pour la trouvaille j'ai bien noté l'adresse .
Une heure plus tard, nous partons en direction du centre ville pour faire les touristes : Bruges la nuit est juste magnifique, c'est l'endroit idéal pour se détendre, se promener et profiter au mieux de cette ville enchanteresse. Une petite promenade dans les rues en pierre puis dîner dans un restaurant sympa sur une place élégante (Place du Marché, enfin je crois). Tout était parfait, en revanche seul regret, Spoky n'a pas pu manger une gaufre...mais ce n'était que partie remise, car le lendemain il a été bien servi .
Vendredi matin, petit déjeuner copieux à 7h30 (ou presque), la matinée s'annonçait un peu chargée. Au programme : un DAB à moto sur le sol néerlandais, une visite du port de Zeebrugge puis une photo sur la plage de la Mer du Nord ! Tout a été bouclé vers 12h30 ! Heure à laquelle nous quittons Zeebrugge en direction de la casa pour se dire au revoir à Villers-Cotterêts, en fin de journée .
Côté roadbook, pour un RB préparé à l'arrache, Spoky, moi je te dis bravo ! Le trajet à l'aller était génial, que des routes sinueuses et des paysages magnifiques. Et on a eu droit à quelques routes sèches.
Le retour fût très bien aussi, on a fait un peu de ligne droite au début pour rattraper notre retard du matin, ensuite nous avons eu droit à des routes sinueuses qui nous ont donné envie de hausser un peu le rythme . Je pense que la citation d'un philisophe français bien connu résume bien cette dernière partie du RB : "Nos cœurs battent trop vite, on va se crasher, il faut réduire la vitesse" (~Booba).
Un grand merci à notre GO Spoky qui est d'ailleurs un garçon charmant mais aussi un motard aguerri. Pour lui la moto c’est comme l’aquariophilie : hiver ou été on s’en tape, le principal c’est d’être avec son aquarium. J'ai remarqué aussi qu'il affectionne tout particulièrement les flaques d'eau et déteste voir sa moto toute propre .
Sans oublier bien sûr mrverdur, que je remercie pour sa compagnie et sa bonne humeur.
Merci pour ce moment Spoky et Splinter ! Toujours un régal. Il manque juste la photo des pâtes sèches...pour encore rehausser la beauté de Bruges la nuit On attend Sam pour la suite.
Les premières heures du matin seront l'occasion de faire la démo du sujet de discussion de je n'sais plus quand, "pourquoi j'aurais beaucoup de mal à voyager sans une roue de 19 pouces à l'avant"
Excellent ton CR
je n'ai jamais eu de roue de 19 pouces avant de rouler en Mash
Sur un circuit le 16 pouces fait un malheureux pour sa vivacité ...
par contre avec une 19, je trouve que le contrôle de la trajectoire de la roue avant est accru outre sa facilité à maintenir la trajectoire sur route qui LA rend plus directionnelle ...
jojo-lebarje a écrit:par contre avec une 19, je trouve que le contrôle de la trajectoire de la roue avant est accru outre sa facilité à maintenir la trajectoire sur route qui LA rend plus directionnelle ...
Elle est plus sensible sur l'équilibrage
Sur mon ressenti, ce que j'y aime surtout c'est le ressenti de glisse avant que ça glisse et la possibilité de réagir/corriger là où en 17" j'aurais sûrement déjà été par terre rien que le temps de comprendre
L'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne
jojo-lebarje a écrit:par contre avec une 19, je trouve que le contrôle de la trajectoire de la roue avant est accru outre sa facilité à maintenir la trajectoire sur route qui LA rend plus directionnelle ...
Elle est plus sensible sur l'équilibrage
Sur mon ressenti, ce que j'y aime surtout c'est le ressenti de glisse avant que ça glisse et la possibilité de réagir/corriger là où en 17" j'aurais sûrement déjà été par terre rien que le temps de comprendre
je comprends .. je me suis fait une frayeur ... Bon ... y a pas grande trace dans le slip non plus
avec la XJ6 ce soir ... avec une perte de l'avant, j'étais en mode cool ++, mais je me retrouve avec une direction verrouillée ...
une pichenette sur l'embrayage et gaz en grand pour soulager lever l'avant et diriger par l'arrière ...
même si la mash, ce n'est pas violent ... l'effet circonférence
donc je fais un bref calcule et à RPM (Rounds per Minute) équivalent 17 vs 19 ... ben une 19 pouces à vitesse égale tourne moins vite que la 17 pouces ...
fin normale en soit et donc une effet gyroscopique moins important ...
D'ailleurs c'est marrant, lui et Splinter se sont amusés à comparer leurs motos (S1000 R contre S1000 XR) et ils sont arrivés à la conclusion que la R est une XR sans garde au sol, sans protection, sans bagages, et sans autonomie
Mais moi non plus je ne voyage plus léger, la bagagerie quand on y goûte on ne revient plus en arrière...
L'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne
Super CR Messieurs !! Merci de nous avoir emmener en balade en lisant vos CR
La différence entre un bon motard et un mauvais motard hahaha !! Bah le mauvais motard, il voit une belle route, il ouvre ... Alors que le bon motard, il voit une belle route.... bon il ouvre maiiiis c'est un bon motard...