J'ai du mal à y croire ... Voici mon histoire. Je vous en prie, lisez-la.
- Poussette et Vérifs (introduction) :Je commençais à trembler. C'était à moi. Ça y est. Après cette nuit infernale à me tourner et à me retourner, à suer et à me tourmenter, à imaginer 1000 fois cet instant, il se matérialise enfin. Le démon est là, devant moi, et me défie de tout son être à venir le vaincre.
Étrangement, je distingue une silhouette inquiétante dans le ciel soudainement assombri :
: "Je te défie, petit être insignifiant, à surmonter mon épreuve ! Si tu en viens à bout, je te remettrai la clef pour sortir des enfers. Dans le cas contraire, ton âme m'appartiendra et subira mille tourments jusqu'à la fin du monde tel que tu le connais gnihihihi ! Sache que ce parcours est truffé de pièges, et que chaque erreur peut te coûter la vie.
Va, si tu l'oses ! "
Qu'il en soit ainsi.
Le cornu n'a qu'à bien se tenir.
La bataille commence : je passe les portes à l'aller, facilement, puis en marche arrière un peu plus préilleusement mais je prends mon temps et ça passe. Notez que la dernière fois j'avais repoussé la moto vers l'avant sans faire de courbe ce qui m'a donné directement un B sans vérifs.
Justement, arrivent les vérifs. J'ai un peu de mal à parler sous le coup du stress, mais je les connais tellement par cœur que je n'ai aucun problème à décrocher un A.- Parcours lent : Un élève d'une autre moto école fait sa poussette juste après moi, seul lui aussi, sa moto est donc déjà en place devant la première porte pour le lent, il passe avant moi. Malheureusement pour lui, ses deux essais sont infructueux, il est éliminé. Sa déception me fend le cœur. Je me voyais moi, déçu, triste, seul ...
Dans un grondement fracassant, le sol s'ouvre en deux et une main hideuse rouge sang surgit des entrailles de la terre pour venir saisir la cheville de mon infortuné ami :
"Je vous avais prévenus !! Tu as échoué, sinistre cloporte, ton âme m'appartient donc à partir de cet instant ! Muahaha !! "
La malin dispairaît aussi brusquement qu'il est apparu, emportant avec lui feu mon compagnon d'armes.
. C'est à moi. Je souffle, j'oublie tout. Je vais me battre pour tous ceux qui croient en moi ; ma famille, mes amis, les copains du forum qui ont été là pour moi alors qu'ils ne connaissent que quelques pixels de ma personne ... et pour moi.
C'est parti.
Première porte, je crois toucher un plot. Je continue. Deuxième porte ok, ouf ! Mais troisième un peu juste, ce qui me fait galérer pour entrer entre les piquets, mais je me bats, je manœuvre, je lâche pas. Je joue avec l'embrayage et le frein arrière comme je l'ai fait pendant toutes ces heures de lutte acharnée pour la maîtrise de l'engin tant convoité, toutes ces heures passées sur la bête à tenter de la comprendre, de l'apprivoiser, de la dompter comme un cavalier et son destrier. Juste au milieu, le moteur s'arrête une fraction de seconde ... oh non je vais pas caler là ??? Mais il n'en est rien ! La course folle se poursuit donc, seconde porte de piquets, le couloir est passé ? 20 secondes, c'est bon ? Je m'en fiche, je roule directement jusqu'au demi-tour. Je m'arrête, je regarde l'examinateur et me dis ; toi, mon pote, tu vas me le filer ce putain de permis. Et pas plus tard qu'aujourd'hui. Je n'ai pas parcouru tout ce chemin, surmonté toutes ces embuches pour rester là, planté comme un roseau ? Je suis le chêne, fort et solide, mate moi ça ! Hop là, demi-tour, je prends mon moniteur à bord. "Dites moi que c'est bon, dites moi que c'est bon ..." résonne dans ma tête. Je n'ai aucun mal à atteindre la fin de l'exercice. Je pose le pied ... me retourne ... et entends ...
C'est un B. Allez hop, mettez la moto en place.
Je n'y crois pas. Le plus dur est fait. Je jubile intérieurement. Qu'ai-je fait comme erreur ? Je n'en ai cure à ce moment précis. Je me positionne immédiatement pour le rapide et écouter les explications.
J'entends un sinistre grincement de dents. Le diable aurait-il été trop ambitieux en convoitant mon âme de la sorte ?B - Freinage d'urgence :Je me lance, tranquillement. Première, seconde, troisième. Demi-tour à droite, celui avec lequel j'ai le plus de mal ... nickel.
Je continue, 50 km/h, route mouillée. Regard au loin, bras tendus, frein arrière pour asseoir la moto, frein avant tout de suite après, embrayage enclenché au dernier moment, 3 - 2 - 1 - N.
"Bravo ! Allez, exercice suivant."
Mon cœur bat la chamade. J'imagine le cornu grimaçer, des perles de sueur roulant sur son front ridé. A - Évitement : Départ. Beaucoup plus serein qu'au début, je commence à y croire. Slalom, 40 km/h, je plonge pour le demi-tour vers la gauche, directement regard au loin, je fonce, évitement, arrêt dans la zone ...
"Excellent. Replacez la moto et suivez moi."
Mon casque frappe alors subitement le réservoir. Impossible, je n'y crois pas ... enfin ...
Je relève la tête et mire le ciel non plus sombre et menaçant, mais d'un magnifique bleu azur ; la chaude lumière du soleil vient caresser mon visage, comme la main bienveillante d'une mère qui la poserait délicatement sur la joue de son enfant pour lui dire ; "mon cœur, c'est fini."A - Fiches (épilogue): L'inspecteur, dont la peau s'était mystérieusement teintée d'un rouge vermillon, m'invite alors à le suivre. Arrivé devant la porte, je me dis que sa démarche est étrangement vive, presque animale ; ses pieds s'étaient changés en sabots !
Il se retourne subitement et saisit mon bras droit ; j'ai à peine le temps de réaliser ce qui m'arrive que je me retrouve emporté violemment vers l'avant et perd connaissance en chutant brutalement sur le sol.
Je me réveille quelques temps plus tard assis sur une chaise, les avant-bras et mollets enchaînés, avec pour seule lumière une ampoule fatiguée suspendue au plafond d'un noir sans fond. Il n'y a pas de murs, tout est si sombre ...
Devant moi, une table en bois usée. J'entrevois un pentacle sculpté sur le dessus ; "mais qu'est-ce que ... non ce n'est pas poss ... !!"
A cet instant précis, des bruits de sabots se font entendre et surgit des ténèbres le diable en personne.
: "Tu croyais pouvoir t'en tirer aussi facilement, pauvre insolent ? Je suis le roi de la duperie, le seigneur des mensonges, le maître de la supercherie ! Gnihihihi !"
Il pose alors un paquet de cartes d'une taille démesurée devant lui et l'étale de tout son long sur le bois profané. "Ta seule issue est de déjouer cette ultime énigme. Choisis une carte, et choisis bien !! Gnihihihi !"
Je baisse les yeux, et mon regard se pose sur une carte au hasard. Vif comme l'éclair, le monstre s'en saisit d'un geste rapide et la retourne devant ses yeux brillants. Il semble lire quelque chose, la repose et fait disparaitre dans un nuage de fumée la table et les cartes qui nous séparaient. Il se rapproche de moi d'un bond, approche dangereusement son visage du mien, et, lentement, vient me susurrer à l'oreille une question machiavélique.
Je réfléchis un instant. Il est là, devant moi, à sourire de toutes ses dents en me fixant du regard.
Je ferme les yeux, et murmure soudain ...
"Tu es moi."
D'un coup d'un seul, son large sourire se transforme en un horrible rictus, ses traits sont déformés par la rage :
"NOOOOOOOON !!!!! C'est impossible .... Noooooooooooooooooooooon !!!!!!!!!!!"
Son gigantesque corps mi-homme mi-animal prend subitement feu, le faisant se tordre de douleur et hurler des litanies de souffrance et d'amertume. Mes chaînes disparaissent alors ; je me lève, et je cours, et je cours, et je cours ... Droit devant moi, la tête baissée, les yeux fermés ... Sans penser à ce qui peut m'arriver ... Et je cours ...-------------------------------------------------
Quand mes yeux se rouvrent, je suis assis en face d'un bonhomme à lunettes la boule à zéro, tamponnant une série de papier posés sur une table. Il interrompt sa besogne un instant et me demande "Ça va monsieur ? Vous êtes bien pale pour quelqu'un qui est reçu !"
Que ... quoi ? Tout cela n'était qu'un rêve, une illusion de mon esprit ? Je cligne des yeux et, hébété, serre la main qu'il me tend : "bonne journée, et félicitations."
Je sors de la pièce et réalise enfin ce qui se passe. Un sourire se dessine sur mes lèvres ...
En quittant le bâtiment, je croise le candidat qui passait avec moi, l'air penaud.
Je m'adresse alors à lui en ces mots ;
"
Cela fait quatre fois que je passe cette épreuve. Trois fois j'ai échoué avant ce jour. J'ai dépensé quelques milliers d'euros pour recommencer encore et encore, et échouer, et recommencer ; j'ai sué sang et eaux, crié, hurlé, pleuré. Je me suis perdu, et me suis détesté si fort que je n'y croyais plus, ni en moi, ni en rien.
Mais aujourd'hui je suis vainqueur, malgré toutes ces embuches, et (les yeux dans les yeux) c'est pour cette raison que tu vas croire en toi, et que tu vas y arriver."
Mes amis, la torche est passée.--------------------------------
A B A A A
Après des années de recherche et d'effort, aucun gobelin ne parvint à faire pousser un arbre à saucisses.