J’ai donc pris le taureau par les cornes, ou plutôt la Gladius par le guidon, et je me suis lancé. Depuis la première balade que j’ai organisé en août 2016 dans le Vexin, j’ai acquis pas mal d’expérience (22 balades organisées pour un total de plus de 4 100 km) et je voulais en faire profiter ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure merveilleuse de l’organisation de balades.
Comment devient-on un gentil organisateur ?
Devenir organisateur c’est faisable pour tout le monde, quel que soit le niveau et la cylindrée. C’est avant tout un choix personnel. Proposer une sortie nécessite un investissement plus ou moins important selon qu’on dispose d’un roadbook tout près ou qu’on en conçoive un, qu’il s’agit d’une balade d’une demi-journée ou d’un road-trip sur plusieurs jours.
Quoi qu’on en dise c’est également une responsabilité, sinon judiciaire au moins morale. C’est quand même mieux quand tout le monde est sur ses 2 roues à la fin d’une sortie.
Le type de balade
Tout dépend de votre envie, de vos disponibilités et de ce que vous souhaitez proposer. C’est la porte ouverte à toutes les initiatives : balade pour rouler (plus ou moins fort), balade pour visiter et profiter du paysage (les routes dégradées sont pardonnées pour peu que la vue en vaille la peine), balade à thème (châteaux, églises, rivières, moulins, ponts, jardins…), balade pour aller boire un verre et/ou manger, balade qui sert d’excuse pour participer à une activité (cheval, mini-moto, ciné, macramé, paintball…), balade culturelle (visite d’un musée, un monument, une expo…), balade découverte (une ville, un lieu…) ou roadtrips dans un paradis motard (les Ardennes, la Corse, le Morvan, le Jura…), la seule limite est votre imagination. Avec le nombre de membres du forum, vous trouverez toujours des gentils participants pour vous accompagner dans vos aventures motardes.
Le roadbook
Les sites internet proposant des roadbooks sont légions, à commencer par la section nos meilleurs road-books du site Motards IDF. Il suffit de taper « roadbook » dans votre moteur de recherche et vous n’avez plus qu’à faire le tri.
Personnellement, comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, je préfère les créer de A à Z. Pour ce faire, j’utilise le logiciel libre ITN converter. Il permet :
- d’afficher le fond de carte de son choix (Via Michelin, Google, Tom Tom…) en mode plan, vue aérienne ou mixte
- d’afficher la position des radars et des stations service
- d’utiliser Google Street View pour voir le profil de la route
- de fixer autant de points de passage que souhaité
- de choisir le calculateur d’itinéraire avec les paramétrages propres à chacun (ex : routes sinueuses de Tom Tom, plus rapide de Google, découverte de Via Michelin, éviter les autoroutes, les péages…)
- d’afficher les distances et temps intermédiaires et totaux
- d’exporter le parcours au format de son choix (.gpx pour mon Tom Tom Rider)
L’interface est assez simple et l’utilisation intuitive (promis, je n’ai pas d’action chez eux).
Une fois une destination choisie, je scrute sur une carte Michelin les routes qui ont l’air sympa (routes vertes, épingles…). J’y place des points de passage en essayant de les joindre de la meilleure façon. Je place ensuite des points de repère où je prévois les ravitaillements de carburants (environ tous les 180 km maximum), les pauses et éventuellement le restaurant.
Pour la durée, j’essaie de varier les distances de mes sorties entre 100 km (environ 2 h / format particulièrement adapté aux débutants) et 400 km (pour une sortie à la journée). Je prépare aussi mes itinéraires pour partir en vacances en moto (trajets de plus de 400 km).
Les pauses
La distance entre les pauses dépend du rythme et de la durée de la balade. En général je prévois une pause tous les 50 km pour les balades orientées débutants et 90 km pour les longues balades.
J’essaie de trouver des parkings où l’on peut garer une dizaine de motos en toute sécurité grâce aux vues aériennes (proche d’un bar, d’un resto ou d’une station service le cas échéant). Je suis souvent contraint de modifier le roadbook pour passer par une ville pour trouver ces services.
Je compte environ 15 minutes pour une pause standard ou carburant, 45 minutes pour une pause rafraîchissement au bistrot et 1h30 à 2 h pour le déjeuner (si vous êtes plus de 4 personnes il vaut mieux réserver le restaurant).
Le rythme
Il est assez difficile de définir son rythme. Le mieux est de tester plusieurs balades et plusieurs ouvreurs pour voir là où l’on se situe. Attention, le modéré est plus proche de l’arsouille que de la promenade pépère. Ci-dessous une tentative de description des rythmes principaux pour les balades.
cool : ce rythme s’apparente à ce que j’appellerai une balade tranquille ; j’attends le groupe aux intersections et aux entrées d’agglomérations en ralentissant suffisamment à l’avance pour ne pas avoir besoin de m’arrêter. J’évite de doubler les automobilistes quitte à ralentir un peu pour leur laisser de l’avance dans les parties sinueuses. Cool n’est pas forcément synonyme de pépère, il m’arrive d’envoyer un peu dans les virolos. Ce rythme est la plupart du temps adapté aux jeunes permis ou aux 125 (mais pas débutant en 125) Je le précise alors dans la description de ma balade.
cool + : sans aller jusqu’à parler de modéré (ou alors un modéré -), ça envoie quand même un peu plus. On est susceptibles de rouler à des allures nécessitant de doubler d’autres véhicules (et pas seulement des cyclistes ou des tracteurs) ce qui nécessite un minimum de reprise et d’expérience. Le groupe est susceptible de s’étirer davantage, dans ce cas chacun s’assure que la personne qui suit ne rate pas un changement de direction, quitte à s’arrêter. Cela demande également de l’attention de la part des participants. Je profite des arrêts à un stop ou un feu pour vérifier que le groupe est au complet. Ce rythme nécessite plus d’autonomie, être capable de rouler seul sans trop se traîner et en sécurité quand on n’arrive pas à suivre, faire attention aux autres et donc de l’expérience. Ce rythme est fortement déconseillé aux débutants et aux 125 (encore plus si vous appartenez aux deux catégories).
Le nombre de participants
Je préfère fixer une limite en nombre de participants ou de motos à mes sorties en particulier quand on mange au restaurant ou qu’on s’arrête dans un troquet. D’abord, ça simplifie la vie de tout le monde (en particulier du tenancier de l’établissement), puis ça permet d’avoir un groupe plus compact sans avoir à se prendre la tête avec un tiroir ou une autre organisation. Enfin, bien que j’apprécie les grands groupes pour faire la fête (vive les rassos mensuels et annuels, les colos des bikers…), je trouve que c’est plus convivial et gérable d’avoir un groupe limité. En général je limite à 8 motos, je trouve que c’est un maximum et c’est souvent plus sympa à 5 ou 6.
Le point de rendez-vous
J’ai horreur de rouler en groupe sur autoroute, voies rapides et dans les grandes agglomérations (risque de perdre une partie du groupe, de prendre des sorties de manière précipitée…). Je choisis donc des points de rendez-vous assez éloignés de la capitale permettant d’éviter ses inconvénients. Dites-vous que si c’est loin pour vous, c’est également le cas pour moi (entre 40 minutes pour les plus proches jusqu’à bien plus d’1 heure sur les balades dans l’Est).
Par ailleurs, j’essaie de trouver des endroits où on peut faire le plein pour que tout le monde puisse le faire avant la balade et avoir une autonomie minimale de 180 km.
Je ne précise pas le lieu de rendez-vous sur le forum mais par message privé, ça évite les surprises et les invités de dernière minute. Je profite de l’occasion pour refiler mon numéro (de téléphone, pas le 7), ce qui peut s’avérer utile en cas de pépin.
La publication de la sortie
Bon, vous savez où, quand, comment, combien… y’a plus qu’à poster. Je prépare d’abord le post de description de la sortie pour éviter d’avoir des inscrits avant d’avoir tout dit. Pour cela, rien de tel que le bouton « nouveau sujet » sur la page balades motos.
Ensuite, y’a plus qu’à ajouter l’évènement dans le calendrier des prochaines sorties et éditer la présentation pour y coller le lien vers le calendrier.
Vous trouverez tous les conseils nécessaires dans l’annonce Proposer une sortie ? Mode d’emploi et aide. Respectez scrupuleusement les consignes, Grand Schtroumph veille au grain !
La liste des participants
Je mets à jour le premier post dans la description de la sortie avec la liste des participants (merci aux gentils participants de vérifier s’ils sont sur la liste, ça évite d’attendre des gens qui ne viendront pas parce qu’ils n’ont pas vu qu’ils y figuraient).
Concernant le nombre je ne fais pas d’exception même pour les amis (qui commencent maintenant à être assez nombreux sur le forum) pour éviter tout risque d’arbitraire et préserver le caractère limité du groupe.
Le jour J – mes astuces d’ouvreur
Plus qu’une astuce, une règle : arriver à l’heure (et même avant si possible). Faire connaissance avec les gens qu’on ne connaît pas, essayer de se retrouver les prénoms/pseudos de ceux qu’on sait qu’on connaît.
Une fois que tout le monde est là, ou à l’heure prévue en cas de retardataire(s), faire un petit briefing pour rappeler les caractéristiques de la sortie, la logistique (pauses, ravitaillement, restauration…), le rythme et les conseils de roulage.
On trouve plein de conseils sur le site de Flat Fab dans les articles de la série « rouler en groupe ».
Pour suivre le roadbook, ne connaissant pas très bien la région et ayant une mémoire de poisson rouge, je me fie à mon GPS. Il m’arrive parfois d’avoir des ratés qui se traduisent par des tours de rond-points, des chemins plus ou moins carrossables (forte pente, faible largeur et absence de revêtement) ou encore des visites de lotissements. Quand on rate un changement de direction, il vaut mieux continuer et faire une boucle ou un demi-tour en sécurité que de planter un freinage de trappeur et de surprendre tout le groupe.
Concernant la position des participants dans le groupe, je conseille, au moins pour le départ, de mettre les moins expérimentés / moins rapides en tête de groupe. Ça a l’avantage de pouvoir s’adapter à leur rythme, de les rassurer et de les faire progresser. C’est aussi là en général qu’on roule le moins vite puisqu’on subit moins l’effet élastique (quand l’ouvreur est à 90 km/h, il n’est pas rare que les derniers roulent à plus de 120 pour rattraper). Après un temps d’adaptation, par exemple à la première pause, j’informe les participants qu’il est alors possible de dépasser pour se mettre derrière l’ouvreur et s’en donner à coeur joie dans les virolos. Pour les mordus de vitesse, la queue de peloton est tout aussi réjouissante puisqu’on peut laisser partir le groupe et les rattraper à son rythme.
Sur la conduite pour ouvrir, j’essaie (la plupart du temps et surtout en cool) d’accélérer et ralentir progressivement pour éviter l’effet élastique. Après, rien empêche de pousser les rapports de temps en temps pour permettre à tout le monde de se défouler. Je ne roule jamais au maximum de mes capacités. Je pars du principe où je n’ai pas le droit de me planter même en cas d’imprévu. Il faut tout et toujours anticiper au maximum (voitures en sens inverse qui coupent la trajectoire, engin agricole, cycliste ou gravillons en embuscade dans un virage aveugle…).
Je vérifie de temps en temps dans mon rétro (en ligne droite) que j’ai bien un groupe derrière moi, même s’il m’est arrivé une ou deux fois de faire demi tour puisqu’il n’y avait plus personne derrière. Je profite des arrêts aux intersections pour vérifier que le compte est bon.
Il ne faut jamais oublier qu’on ne roule pas seul mais qu’on a un groupe derrière. Ainsi, il faut éviter les dépassements hasardeux, si on est le seul à pouvoir doubler, on attend un moment plus propice (en particulier à l’approche d’une intersection et d’un changement de direction). Ouvrir un groupe demande beaucoup d’attention entre le pilotage, le guidage et la surveillance de la troupe. En général, on finit la balade bien fatigué.
Et après ?
Une fois la balade terminée, le boulot n’est pas fini, il faut encore récolter les remerciements et les compliments (ça, j’avoue que c’est de loin le meilleur aspect) mais aussi les remarques et commentaires qu’on a moins envie d’entendre mais qui permettent de s’améliorer. Une fois rentré chez soi (parfois après plus d’une heure de chemin) et après avoir graissé la chaîne, il faut encore rassurer ses proches et ouvrir le compte rendu.
Si vous êtes arrivé à ce paragraphe, je vous remercie de la patience dont vous avez fait preuve pour la lecture de cet article. N'hésitez pas à laisser vos remarques et commentaires.