Lu sur un forum de motos anciennes, le coup de gueule d'un motard excédé à juste titre !!!
« Ma motocyclette est née en 1969. Cette machine a traversé notre histoire tranquillement.
De successeur en successeur, elle a emmenée quelques heureux sur les routes d’Europe, et aussi au boulot. Ces hommes, ces femmes l’ont choyée, réparée, entretenue.Ils l’ont aimée aussi, cette ferraille, d’aventures en aventures. D’occasion elle est devenue collection…
Enfin, il y a quelques années, elle devint mienne. Objet adoré de mon quotidien, utilitaire nécessaire. Je l’entretien avec soins, par plaisir et par sécurité surtout. Je fais tout pour la transmettre à mon tour, elle et les émotions qu’elle génère.
Mon travail est intimement lié à la motocyclette et sa pratique. Par goût tout autant que par nécessité économique, je roule en ancienne. C’est une composante essentielle de ma vie, mon univers. Je l’aime comme une amie. J’ai besoin d’elle pour travailler. Elle n’a m’a pas couté grand-chose. Elle consomme peu, elle est robuste, agréable et pratique. Toutes les personnes que j’ai emmené avec moi, pour une balade parisienne nocturne ou au soleil de printemps, n’oublierons jamais ce délicieux plaisir suranné. J’ai fier allure aussi, à son guidon… !
C’est en fait mon seul luxe et il est quotidien. Je m’estimais chanceux d’avoir accès à ce simple plaisir. Aux autres les congés payés, les rtt, l’emploi à vie, les beaux quartiers, la consommation du luxe, et autres privilèges… Moi j’ai ma motocyclette et mon « art » .
Elle fait aussi de moi un être à part. Tandis que les piétons insatiables se pressent aux soldes, je survole la ville en homme libre. Tandis que vous téléphonez dans votre SUV, je file vers d’autres cieux. Nous ne sommes pas du même monde, c’est vrai.
La guerre aux deux-roues est déclarée depuis un certain temps par les « élus » cramponnés à la Mairie de Paris. De même, « on » s’est employé a débarrasser Paris intra-muros des petites gens, de même les banlieues ont été abandonnées et défigurées, ces élus du (riche bobo-) peuple, ripoline leurs quartiers. On dirait un mauvais roman de science-fiction.
Ce matin, ces mêmes individus me réveillent brutalement. On dirait Brazil… Ils ont décidés de m’interdire ce qui est une des choses les plus importantes de ma petite vie, au fond de ma petite banlieue, dans mon petit atelier. On me parle de pollution mais pas données objectives. On me parle de citoyenneté mais pas au-delà du périphérique. On me parle de responsabilité mais pas pour moi et mes enfants. On me parle des « motos », mais pas des avions pour vacanciers en goguette, des camions et des bus des municipalités, des immeubles parisiens surchauffés, du métro…
On me parle de Liberté, mais pas pour mon mode de vie. D’égalité mais uniquement pour la tranquillité des nantis intra-muros… Mais qui me parle ? Qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ?
Ai-je des droits ? Celui de ne pas vouloir consommer vos saletés jetables ? Celui de ne pas avoir les moyens d’acheter neuve une motocyclette ? Ni l’envie ?
Nous ne sommes qu’une poignée, parfois mal représentés certes et sans intérêt pour les oligarques tout puissant : mais nous pouvons faire entendre notre voix et nous battre. »
Lorenzo Eroticolor, affichiste.
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Un texte qui résume bien notre incompréhension et la peur que peuvent avoir tous les motards, demain votre passion sera peut-être sur la prochaine liste noire... Pour préserver notre liberté il ne faut rien lâcher !