Dès lundi, les «radars mobiles mobiles» seront surtout utilisés sur le réseau secondaire, très accidentogène.
Dès ce lundi, des «radars mobiles mobiles» encore plus efficaces arrivent sur nos routes. Ces appareils embarqués dans des véhicules de police banalisés et circulant dans le flot de circulation ont, en effet, été perfectionnés depuis la mise en service successive des 46 premiers lots, depuis mars dernier.
La nouveauté est qu'ils vont flasher en approche. Autrement dit, l'automobiliste en excès de vitesse qui croisera une voiture de police ou de gendarmerie roulant en sens inverse sera sanctionné. Quelques jours plus tard, il recevra par courrier son procès-verbal, indiquant l'heure, le lieu de l'infraction. Imparable.
Jusqu'alors, la verbalisation ne se faisait que par dépassement, lorsque l'usager de la route doublait par la gauche un véhicule des forces de l'ordre bourré de cette technologie de pointe. Désormais, le même radar embarqué pourra tout faire en même temps: flasher si on le double et flasher aussi ceux qui arrivent en face. «Il suffit de le paramétrer de la sorte avant la mission», indique Aurélien Wattez, responsable du contrôle automatisé au ministère de l'Intérieur. Rappelons aussi que cet appareil a toujours flashé en sens inverse à l'arrêt. Une option pratique pour des contrôles discrets. La voiture banalisée de police est ainsi stationnée à l'entrée d'une agglomération et l'onde radar balaie les voies dans les deux sens.
Fin 2015, 300 appareils seront en circulation
À compter de ce lundi, 13 Renault Mégane et 7 Peugeot 208 vont pouvoir effectuer ces trois types de contrôle. Les départements concernés sont Paris, l'Ain, l'Aisne, les Côtes-d'Armor, la Dordogne, l'Eure-et-Loir, le Gard, l'Indre-et-Loire, le Loiret, la Manche, la Marne, la Moselle, la Seine-Maritime (deux exemplaires), la Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis, les Yvelines, les Hauts-de-Seine, le Val-d'Oise et la Vendée. D'ici à la fin de l'année, les 46 modèles déjà en service depuis mars dernier seront mis à jour pour réaliser aussi ces trois types de mission. Fin 2015, 300 appareils seront en circulation sur nos routes.
Ce nouveau mode de sanction par approche va surtout être utilisé sur le réseau secondaire, où la mortalité routière est de loin la plus élevée. Et cela pour des raisons techniques. Ce contrôle est en effet rendu inopérant en cas de glissières, muret séparant les deux chaussées, comme c'est le cas sur autoroute. Dès qu'il y a un obstacle de plus de 35 cm entre deux axes, les ondes de l'antenne radar située sous la plaque d'immatriculation avant de la voiture sont bloquées.
Autre difficulté: la verbalisation en sens inverse ne pourra avoir lieu quand la chaussée est à cheval sur deux villes… Impossible d'intégrer deux adresses différentes dans l'ordinateur. L'infraction ne pourra également être relevée quand les deux sens de circulation opposés ont des limitations de vitesse différentes. «Les forces de l'ordre vont devoir faire une reconnaissance de terrain pour retenir les axes où ce genre de contrôle est possible sans que cela puisse soulever un seul doute», indique Aurélien Wattez.
Une marge technique de 10 km/h
Mis à part ces difficultés techniques, cette nouvelle application va être redoutable pour les usagers qui, sans doubler un véhicule de police et rien qu'en le croisant, seront donc pris la main dans le sac. Et c'est sur le réseau secondaire ou en milieu urbain que les limitations sont parfois bien difficiles à respecter car trop changeantes sur un même axe. C'est également quand elles sont basses qu'il est parfois bien difficile de ne pas aller au-delà… La démonstration en a été faite mercredi dernier lors de la présentation de cette nouvelle arme en région parisienne. Deux automobilistes ont été flashés pour non-respect du 50 km/h. Les zones 30 donnent aussi bien du fil à retordre aux automobilistes. Même les plus respectueux des règles montent vite à 50.
La marge technique, plus importante pour ce type d'appareil, est fixée à 10 km/h à moins de 100 km/h. Elle sauvera donc difficilement les points des conducteurs. Concrètement, un usager qui roule à 58 km/h au lieu de 50 ne sera pas verbalisé, car la vitesse retenue sera de 48 km/h. À 71 km/h, la vitesse retenue sera 61 km/h et il y aura sanction.
Sur autoroute, notamment, rappelons que la marge technique est de 10 % à plus de 100 km/h. Une vitesse de 137 km sera retenue à 123 km/h et n'entraînera pas de verbalisation. À l'inverse, une vitesse de 152 km/h passera à 136 km et aboutira à une amende. Cette tolérance technique fait dire aux responsables de la Sécurité routière que ces radars sanctionnent les grands excès de vitesse. C'est vrai sur autoroute. Sur les axes secondaires et avec le lancement de cette verbalisation en approche, ce sera, sans doute, moins ressenti comme tel.
50.000 amendes pour excès de vitesse au cours des six derniers mois
Depuis le lancement des 46 premiers radars mobiles mobiles en mars dernier et selon un bilan des six premiers mois d'utilisation, 50.000 amendes pour excès de vitesse ont été dressées avec ces appareils. Les neuf équipements qui ont relevé le plus grand nombre d'infractions sont ceux de Septemes-les-Vallons dans les Bouches-du-Rhône (8.074), de Paris (7.291), de Massy dans l'Essonne (6.436). Arrivent ensuite ceux d'Orléans dans le Loiret (5.252), de Nice (4.289), d'Arras (4.234), de Saint-André-de-Cubzac (4.090), de Lezennes (3.174) et enfin de Toulouse (2.999). Selon le ministère de l'Intérieur, «90% des infractions relevées portent sur des vitesses mesurées supérieures de 10 à 30 km/h par rapport à la vitesse limitée autorisée, 9% le sont pour une vitesse comprise entre 30 et 60 km/h supérieure à la vitesse limitée autorisée et 1% pour une vitesse supérieure de 60 km/h à la vitesse limitée autorisée». En moyenne, chaque appareil a relevé 36 infractions par jour. Lors de ces six premiers mois, les forces de l'ordre ont assuré plus de 7.000 heures cumulées de contrôle dont 5.000 en mouvement dans le flot de circulation et 2.000 à l'arrêt sur le bord des routes. Une activité qui va forcément monter en puissance.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... oulant.php