Krän a écrit:[;..] le cerveau réagit "FREEEIIINAAAGEEEUUH !!! Oh put*** oh put***..." et pas "Oh, tiens, il serait bon que je réalise un <Freinage d'urgence>, procédure particulière qui sort de l'ordinaire nécessitant dans ce cas de préalablement saisir mon levier d'embrayage afin de l'actionner"
Je suis mort de rire mais je ne saurais que plussoyer.
J'apporte mon grain d'expérience, des freinages d'urgence j'en ai vécu plus d'un, sur le sec, le mouillé, en courbe, en ligne droite, sur des graviers, sur de la neige (spoiler : ça c'est mal terminé), et pour finir avec ET sans ABS. Mon premier a d'ailleurs été après 3 semaines de permis et c'est là que j'ai réalisé à quel point on NE sait PAS freiner une fois le permis en poche : l'obstacle qui m'avait coupé la route m'a stoppé avant mes freins
Alors en théorie, surtout si tu n'as pas d'ABS
NON, tu ne débrayes surtout pas (rappel :
débrayer c'est
actionner l'embrayage,
embrayer c'est le relâcher) : si tu débrayes tout de suite, plus rien n'entraine ta roue, laquelle est énormément délestée par la plongée de ta fourche, et elle bloquera
très, très facilement.
Alors qu'au contraire, si tu laisses ton moteur embrayé sur son rapport, si tu appuies trop fort sur ta pédale de frein, l'entrainement du moteur va contrer l'effet blocage de roue puisque ta transmission
force ta roue a tourner.
Une façon toute simple de l'expérimenter : monte à environ 40kmh, passe en 3ème si ton moteur le permet, mais ça marche aussi en 2, et appuie de toutes tes forces sur la pédale de frein arrière sans toucher à l'embrayage ni au frein avant : tu vas entendre un très rassurant
CLA-CLA-CLA-CLAC, et sentir ta chaîne vibrer/trembler (si tu en as une) : c'est ta transmission qui exerce une force opposée à ton frein. Ne le fais pas trop, je suis pas convaincu que la boite aime...
Maintenant, si tu as l'ABS : peu importe, il interviendra quand il le doit.
Cela dit, en pratique, je me contenterai de t'inviter à relire le message de Krän, à qui je fais un bisou au passage, que j'ai cité en haut de ce message. Mon meilleur conseil sera de ne pas saisir trop brutalement ton levier de frein avant, mais de réussir à appliquer la pression en 2 temps : d'abord très légèrement tirer le levier pour venir mettre en contact tes plaquettes sur ton disque, venir le "lécher" en quelque sorte ; et à ce moment là tu peux mettre de la grosse force dans tes doigts, tu auras beaucoup, beaucoup, beaucoup moins de chance de bloquer ta roue : ce qui te fait bloquer, quand les conditions d'adhérence sont bonnes, c'est le passage brutal de "pas-contact" à "contact", toujours entre ton disque et tes plaquettes.
Il ne faut pas essayer de doser mathématiquement l'avant par rapport à l'arrière, en situation de conduite tout le monde est bien incapable de dire "j'ai fait 72/28, bon ratio, bon freinage". Ce qu'il faut c'est ne pas paniquer (facile à dire) et saisir les commandes en douceur avant d'y mettre de la puissance. Et contrairement à ce que dit le monsieur de la première vidéo avec qui je ne suis pas d'accord du tout, le freinage
avant est
progressif et non dégressif, plus on freine, plus on peut serrer le levier sans risquer de bloquer. Le freinage
arrière, lui en revanche, est
dégressif, il sert avant tout à assoir la moto et verrouiller sa trajectoire (dans le cadre d'un freinage en ligne droite) avant de pouvoir balancer la purée au frein avant. Tu peux complètement relâcher la pédale de frein arrière avant la fin de ton freinage, il ne te servira plus à rien. D'ailleurs sur certaines moto c'est blocage assuré de l'arrière si on garde l'arrière trop longtemps.
TL;DR : En situation d'urgence, actionne ton frein arrière un tout petit peu avant ton frein avant pour assoir ta moto et verrouiller ta trajectoire, puis actionne le frein avant en délicatesse et progressivement. Tu peux relâcher le frein arrière (complètement) si / dès que tu sens que ça glissouille de l'arrière, et il ne sera plus nécessaire de rappuyer dessus.
Si tu as un parking/bout de ligne droite/ce que tu veux tant qu'il n'y a pas de circulation, entraîne toi, c'est très important. Créée toi une fausse urgence, surprend toi toi-même pour tenter au mieux de simuler une vraie surprise.
Pavé César