- Jour 0 : qui veut voyager loin abreuve sa monture
Voyageant donc seul, je suis en contrepartie libre de toute modification et changement de programme de dernière minute concernant le menu de la semaine, et ça a commencé dès le départ : sorti du travail à midi et demi en ce vendredi 29 mars, j'ai modifié tous mes roadbooks afin de partir dès l'après midi de ce même jour.
C'est avec un pneu avant en fin de vie, un kit chaîne agonisant, des disques de freins neufs, des étriers remis à neufs également, mais un piston de maître cylindre ayant soudainement dépéri et perdu ses qualités de dosage, que je pars vers l'infini, et même au delà.
Réservoir rempli à ras-bord et c'est ti-par pour un génial roadbook constitué de 300 kilomètres d'autoroute et 75 de nationales. Youpi. Environ trois heures et la moitié d'une autre plus tard, je me retrouve d'une façon très soudaine et inattendue sur un route qualifiable de chemin revêtu : 1,34m de large (mesuré par mes soins, mais à l'aide d'une râpe à fromage non homologuée), bosselée, trouée, viroleuse, et visiblement pleine de gravier que je ne voyais même pas (il faisait nuit, c'était juste avant le changement d'heure ) étant donné le nombre de dérives du train avant, du train arrière, et parfois même du train d'atterrissage (!).
Ce joyeux calvaire a duré environ 4km, puis je suis arrivé à mon étape du soir : l'Auberge du Ruxelier, située à quelques encâblures d'Épinal et juste bien placée afin d'attaquer le lendemain matin par une traversée du massif des Vosges...
J'ai mis le lien vers l'auberge, parce que c'était drôlement chouette, même pour une simple étape
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- Jour 1 : t'en a d'autres, des idées à la con ?
Ce matin, j'étais fier de moi. J'avais réussi à me lever tôt, à ne pas traîner au petit-déjeuner, et à ne pas mettre trop longtemps à rassembler mes affaires : à 8h30 pétantes, j'étais sur la moto, j'enclenchais vigoureusement la première d'un coup de botte vindicatif et décidé, mais surtout j'estimais que le véritable voyage ne commençait que maintenant
Après un échauffement matinal sur la même route-chemin parcourue la veille au soir, un rapide passage par le lac de Gérardmer que je n'avais pas vu depuis 5 ou 6 ans, j'ai jeté mon dévolu sur les cols de Grosse-Pierre, d'Oderen, puis du Grand Ballon et... ah ?! Comment ça route fermée ? On m'aurait menti ?
"Tiens toi bien, demi-barrière de malheur, si tu crois que j'ai jamais franchi de cols Auvergnats enneigés en plein hiver, tu te trompes, c'est pas trois plaques de neige remplies de sillons de voiture qui vont me faire peur !"
Il était donc environ 9h45 quand, dans un grand moment de lucidité et de discernement, je décidai de franchir cette barrière et d'emprunter malgré l'avertissement sur les responsabilités et la sécurité, la D431 pourtant fermée. Quelques plaques de neige gelée et/ou tassée plus loin je me disais que ce n'était pas si terrible au final, juste un peu plus long.
Je passais tantôt dans les sillons de voiture lorsqu'assez profonds, tantôt sur l'accotement, une bande de terre herbeuse d'environ 70cm de large, avec 20cm de neige à ma gauche et le ravin à ma droite. Rassurant.
Puis j'ai réussi à coincer la moto, bien comme il faut, dans la neige. Au prix de très nombreux efforts, et du désassemblage de toute ma bagagerie pour gagner du poids, je réussis à la tirer de là. Puis j'ai du aller rechercher top-case, valises et sacoche de réservoir laissés trente mètres en arrière, tout raccrocher, et recommencer, pour re-coincer la moto trois cent mètres plus loin.
Ce n'est qu'après la quatrième fois que je détachais tout le bordel pour sortir Charlène (oui, ma moto a un prénom) de là, que même allégée de trente bons kilos j'en chiais comme pas deux, que j'étouffais de chaud entre l'effort et les vingt-trois couches de vêtements, que je choisissais d'arrêter les frais et de rebrousser chemin.
Au diable le Grand Ballon, au diable l'Amic et le Vieil Armand, j'en étais presque tombé d'épuisement alors que je n'avais pas parcouru cent bornes
Alors là de rage, de colère, mais surtout d'impuissance, j'ai décidé de ne pas remettre autant de temps à refaire les seulement trois kilomètres que je venais de parcourir, et puisqu'à cœur vaillant, rien d'impossible, j'ai réussi cet exploit en seulement quinze minutes, à grands coups de manœuvres d'une grande précision, suivant la philosophie du "ça passe ou ça casse" (on me souffle à l'oreillette que le mot approprié est "inconscience").
Et il était cette fois 11h45 lorsque je franchissais, de nouveau, la demie barrière indiquant la fermeture de la route.
Deux heures de perdues, sans compter que je savais pertinemment que le lendemain, mon corps me ferait payer tous ces efforts sans échauffement et que le moindre effort me rappellerait inexorablement la stupidité de ma décision prise deux heures plus tôt. Afin de récupérer ce temps perdu, d'autant plus que le soir même je me devais d'arriver à mon hôtel avant 20h sous peine de dormir dehors, j'emprunterai voies-rapides et même un bout d'autoroute aux environs de Mulhouse, avant de passer la frontière germanique avec déjà une heure de regagnée sur le planning.
La suite, c'est la traversée Ouest-Est d'une fraction au sud de la Forêt Noire, région qu'il faudra d'ailleurs que j'inspecte plus en détail ! Puis un passage éclair en Suisse dans la région du parc naturel régional de Schaffhausen, et un repassage, définitif pour ce jour, en Allemagne. Contournement nord du lac de Constance, Friedrichshafen, Lindau. Une autre route fermée m'obligera à prendre un bout d'autoroute allemande, connues pour leurs absences de limitation de vitesse sur de nombreuses portions...
Je suis également tombé sur l'équivalent allemand des 17 tournants en Chevreuse, avec des motards partout, des mecs qui font demi-tour sauvagement en haut, en bas... bon, la route en elle même faisait plutôt 64 virages que 17, mais l'idée était là
La fin du roadbook du jour, le seul vrai moment de lucidité du voyage entier (c'est parce que je l'ai fait avant de partir, ne vous méprenez pas), était composée de 30km environ de voies rapides, car je savais qu'après 450km de montagne, j'accueillerai cette grande ligne droite comme un repos bien mérité.
L'exercice de maths du jour : calculez ma vitesse moyenne pour avoir mis très exactement 8 minutes à parcourir 25 kilomètres.
Point de chute en cette veille de passage à l'heure d'été, l'Hotel Garni (en France on dit chambre d'hôtes) Schlossblick, à Schwangau, au pied des impressionnants châteaux de Neuschwanstein et Hohenschwangau.
Une deuxième bonne expérience consécutive côté hébergement, et un très gros merci à Mister Green et snowride pour votre suggestion de passer par là, ça en valait effectivement le détour, bien que je ne me sois pas donné le temps de faire le touriste.
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- Jour 2 : Muskatnuss, Herr Müller
Malheureusement ce jour, je n'avais pas le temps d'aller jouer les touristes en me rapprochant un peu des magnifiques châteaux à ma portée. Après tout, voilà une drôlement bonne excuse pour revenir
Alors en selle, puisque le but véritable est là ! À peine quinze minutes après avoir fait vrombir mon bicylindre pour la première fois de la journée, je passais la frontière autrichienne, elle aussi pour la première fois de la journée. En effet, au gré du relief et des routes possiblement sympas, je changerai de pays dix autres fois en ce dimanche ensoleillé, toujours entre l'Allemagne et l'Autriche.
À proximité d'Innsbruck, tout est drôlement joli, mais la présence de sacrés congères proches de la route me rappelle douloureusement mon aventure de la veille. L'incroyable douleur dans certains muscles, comme prévu, y participe aussi. Mais il faudra faire avec !
Sur les côtés de la route, des gens skient, tranquillement, dans des grands champs enneigés.
Afin de me souvenir que j'étais un mâle rempli de testostérone, et d'un égo surdimensionné, un motard quasi-local, dont la plaque indiquait un homme made in Germany a choisi d'ouvertement me provoquer, ou peut-être a-t-il pensé qu'un touriste étranger en gros trail rempli de bagagerie serait une proie facile pour marquer son territoire et exhiber sa supériorité... ni une ni deux, la provocation a pris au premier virage venu . De manière attendue, j'ai eu beaucoup de mal à rattraper la supersportive (R1) dans les lignes droites, mais à la première courbe je lui ai repris vingt mètres, puis encore un peu dans la suivante, pour finalement le gruger au freinage (en manquant de l'empaler, j'avoue) d'une belle courbe à gauche bien serrée, avant de jeter la moto dans la courbe sans quoi elle finissait dans le rail de sécurité, moi avec, et en manquant d'embarquer le boche avec moi
Je pense avoir piétiné ce qui lui restait de fierté en le voyant disparaitre très rapidement dans mes rétros, en même temps fallait pas me chercher... Par "sécurité", et puis aussi parce que la route était mortelle, je choisissais de conserver ce rythme bon à prendre 10 ans ferme en Allemagne, puisque l'on venait d'ailleurs de repasser dans ce pays discipliné, et je rattrapais bientôt deux poireaux indépassables sur leurs 1250 GS flambant neuves.
Mon quota de patience arrivant à son terme derrière ces deux guignols, et l'autre fou furieux sur sa japonaise survitaminée arrivant comme un boulet de canon dans mon rétroviseur (ligne droite ), j'ai pris la décision de braver tout bon sens, et de faire ce que je m'étais toujours interdit de faire sur route ouverte : et pan, d'une GS. Pan, de deux GS. Dans une épingle. À gauche. Par l'extérieur. Nyyyyyyyyoooooooooooon...
Quelques bornes plus loin, je m'accordais une petite pause cappuccino dans un bar dans un village, d'où je vis passer une R1 à très faible allure, puis deux mecs en 1250 GS... s'arrêter, regarder mes pneus, et s'approcher de moi en me lançant "verdammte Mutter, du bist total verrückt !!" (je vous laisser demander à Google ce que ça veut dire), ce qui a eu pour effet de beaucoup me faire rire. Je répondrais d'un "Sie sind sehr langsam in die Kehren, entschuldigen Sie mir" avec le même sourire que lui =>
La discussion s'arrêtera là, de toute façon mon café était terminé. Un peu plus loin, je faisais une pause photo au bord du Walchensee, j'en profitais pour retendre ma chaîne que je venais de mettre à rude épreuve malgré son agonie certaine, et quelques motards autrichiens en profitaient pour échanger avec moi, connaître ma destination, toussa... des motards qui rencontrent d'autres motards, en somme.
Ma route passait devant de nombreux autres lacs plus ou moins emblématiques, le Kochelsee, le Sylvsteinsee, et puis le Tegernsee ou encore le Schliersee. Rien de folichon, enfin c'était joli mais bonjour les bouchons... 'foutus touristes
En fin de journée, je m'éloignais du Tyrol, mais les panoramas restaient agréables :
Je termine par une courte halte à Schönau am Königssee et son emblématique lac, bien plus grand qu'il n'y parait sur cette photo très bien cadrée :
et puis enfin, le tour de la route panoramique de Rossfeld, d'où j'aurais normalement pu apercevoir la Kehlsteinhaus (suggestion de snowride, mais je n'ai aperçu que de la neige :
et de jolis reliefs enneigés :
L'étape du soir, à Golling, à une trentaine de kilomètres au sud de Salzburg, sans être déplaisante, ne sera pas mémorable, notamment en raison de voisins de chambre hongrois fort bruyants (d'ailleurs, vu le nombre de hongrois croisés en Autriche, j'en suis venu à me demander si on leur avait dit que ces deux pays étaient indépendants l'un de l'autre, et ce depuis plus d'un siècle maintenant).
La faute également à une pizzeria, seul restaurant ouvert un dimanche soir dans la commune, au service déplorable, et dont la pizza testée n'était pas merveilleuse.
Qu'à cela ne tienne, une fois plongé sous la couette il ne m'a fallu que très peu de temps pour sombrer dans un repos nécessaire et mérité...
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- Jour 3 : qui m'aime me suive
La fatigue se fait sentir. J'ai eu du mal à me lever à l'heure désirée, mais après un petit déjeuner bien rempli, me voici, encore, sur ma moto. Le programme du jour, c'est l'Autriche, en long, en large et en travers, avant de finir en apothéose du côté Slovène des Alpes.
Hélas mes chers amis, la panne d'inspiration me guette, d'autant que cette journée fut très conventionnelle. Je me rappelle avoir pris beaucoup de plaisir sur toutes les routes traversées, je me rappelle m'être décroché la rétine à chaque paysage. Je me rappelle aussi avoir minimisé les pauses photos car l'on m'avait demandé d'essayer d'arriver avant 18h à mon lieu de résidence du soir.
Je me rappelle également avoir monté un col avec une portion a 21% de déclivité, avant de faire une trouvaille plutôt cachée alors que je cherchais un coin sympathique pour casser la croûte avec mes provisions, pause durant laquelle je me suis rendu compte, presque effaré, que la gomme restante sur mon pneu avant avait fondu plus vite que les congères çà et là.
Vous me pardonnerez la connotation religieuse de cette photo, j'ai juste bien aimé l'ambiance et le côté isolé
La Slovénie se rapprochait, et puisque j'étais dans le bon timing, une autre photo :
Après avoir contournée Klagenfurt am Wörthersee par l'est et m'être retrouvé au sud de cette dernière, j'apercevais le fleuve en lui même (le Wörthersee) déambuler entre les collines, et j'ai trouvé que c'était vachement joli.
Puis j'ai quitté les "grands" axes afin de m'enfoncer anonymement dans les Alpes Juliennes par de petites routes à chèvres. J'en arriverai à pas mal batailler contre ma monture, entre son pneu avant au bord de la rupture d'anévrisme, son kit chaîne hurlant de désespoir, ses freins neufs mais son système d'actionnement complètement à la ramasse me condamnant à freiner "on/off" sans grande marge de dosage, mais surtout une route bien pourrie, bosselée, morcelée, trouée, sale, bref tout ce qui fait du bien.
Et enfin, la promise était là :
La frontière Slovène
À la redescente, puisque la frontière était, comme souvent dans les Alpes, au sommet d'un col, les paysages changent assez radicalement. Le plaisir, lui, est toujours là, intact. J'aurais franchi de tous les types d'épingles en moins de deux heures, de la vraie demi-tour avec un presque trottoir à la corde, à la plus large et roulante, avec toutes les largeurs, toutes les déclivités, et surtout tous les types de graviers existant en ce bas monde, disséminés dans les coins les plus invisibles pour mon plus grand plaisir (et quelques sueurs froides).
Puis, tout à coup, des plaines, des grandes plaines. Plates et sans saveur, si ce n'est la découverte d'un pays que je n'avais jamais visité jusque là. Dans mes rétroviseurs, le massif que je venais de franchir. Droit et fier, servant de frontière naturelle entre la Slovénie et l'Autriche. Alors j'en ai immortalisé mon fidèle destrier, prenant la pose devant ce paysage de carte postale, ma belle Charlène, toute droite et fière, elle aussi qu'elle était d'avoir franchi ce massif, lui qui nous toisait de ses hauteurs enneigées.
Et enfin, le lieu de villégiature fut devant moi : Kraljev Hrib
Un hôte formidable qui a ouvert son établissement juste pour moi, j'eu en effet le plaisir de passer la nuit dans ce chalet de montagne sans la présence d'une seule autre personne, pas même le propriétaire des lieux, que je remercie encore une fois de m'avoir accordé sa confiance.
Le cadre, lui, est idyllique :
Il n'y avait que moi. Que moi dans ce chalet, à flanc de colline, à plusieurs centaines de mètres de la route la plus proche, au milieu des Alpes Slovènes. Une isolation qui fait beaucoup de bien
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- Jour 4 : à Rome, fais comme les Romains
Je suis fatigué. La veille au soir, le propriétaire du magnifique chalet m'a laissé en compagnie d'un ami-barman non officiel, lequel m'a gracieusement offert un nombre de bières locales très indécent, lesquelles ont toutes été consommées durant une longue discussion commencée par "alors d'où tu viens ?" et terminée par (approximativement) "AH JE T'AI PAS RACONTÉ LA FOIS OÙ MON IDIOT DE FRÈRE S'EST TAPÉ UNE PUTE UKRAINIENNE ? IL L'A MÊME ÉPOUSÉ CE CON"
Bref, l'hospitalité slave n'est pas une légende, quand il s'agit de recevoir, ces gens sont absolument formidables. Et je ne dis pas ça parce que j'ai fini la soirée rincé à la Laško.
Tout ça pour dire que malgré ma non-ignorance qu'aujourd'hui est censée être la plus dure des journées côté roadbook, je n'ai absolument pas réussi à sortir du lit à l'heure que je m'étais fixé. Et perdu pour perdu, j'ai pris le temps de faire le tour du domaine, quelques photos, dont une ayant pour but initial de faire rire ma Sibérienne de femme, et comme signification cachée de montrer à quel point je m'étais bien fondu dans l'environnement du pays slave le plus proche de France.
Spoky la gueule de bois en plein slav squat
Bref, en direction de Bled, grâce à la très bonne recommandation de Mister Green, je roulais à la découverte de l'arrière-pays Slovène. Kamnik, Spodnji Brnik, Kranj, ou encore Dobro Polje sont autant de noms de villes à consonances bien barbares pour nos fragiles oreilles francophones que j'aurais traversé ou approché.
Puis me voilà à Bled, et son joli lac, sa chapelle au milieu, et son Triglav à l'arrière plan, malheureusement masqué par des nuages au moment où je prenais la photo, j'ai donc choisi un point de vue n'incluant pas le sommet de la Slovénie.
Et l'un des grands moments de ce voyage, c'est assurément la traversée du Triglavski narodni park, le parc national du Triglav. À commencer par ses routes pas toujours revêtues :
ranafoot' j'roule en trail !
mais également ses paysages fabuleux :
Ou encore sa chapelle Russe perdue dans la montée du col Vršič et ses 50 épingles numérotées :
Contrairement à ce que l'on pourrait penser après avoir posé la question à un traducteur automatique en ligne, ce panneau ne signifie pas "section de route dangereuse" mais "gaaaaz à tribord !"
En guise de dernière attraction en pays slave, j'avais prévu de monter la route sans issue jusqu'au Mangart, au pied de laquelle un panneau m'a appris qu'elle avait été construite en 1938 et en seulement six mois par les Italiens pour se défendre contre l'armée Yougoslave. Or, je fus contraint de faire demi-tour avant même d'avoir franchi la moitié des douze kilomètres de la plus haute route de Slovénie :
En contrepartie, je m'offrirais un picnic dans ce que je qualifierai de "pas le pire endroit du monde pour déjeuner" :
Puis, au gré du col de Predel, je passais cette fois en Italie, pays du cappuccino et de la pizza, mais aussi de l'essence 50% plus cher . Et visiblement, j'étais loin d'être le premier à passer par là :
Les Alpes Juliennes ont cédé leur place aux Dolomites, et le ciel bleu à des nuages presque menaçants, et quelques flocons de neige en altitude. Ma moto était de plus en plus inconduisible, mais les paysages, eux, restaient fabuleux, et suffisaient à me redonner un sourire béat et benêt sous mon casque, parce putain qu'c'est beau, putain qu'j'aime la montagneuh ! (sic).
Des Dolomites, je passais dans le Südtirol, cette région d'Italie ou on ne parle pas italien mais allemand, et avec un accent magnifique de surcroit. Causant moi-même la langue de Goethe mais un italien limité a 4 ou 5 mots, cela m'arrangeait bien, d'autant que la mentalité des italiens d'ici a une très forte influence autrichienne.
La halte du soir, choisie non au hasard, était à Prato allo Stelvio, au pied du versant est du col du Stelvio, das Stilfser Joch dans la langue locale puisque nous sommes dans le Tyrol. J'avais fait le Stelvio en 2015 et j'avais séjourné du côté ouest, à Bormio. J'avais monté et descendu quatre ou cinq fois chaque côté Italien du col, mais n'étais pas allé plus loin que Prato allo Stelvio justement, du côté est, avant de repartir par le versant nord, côté Suisse, direction Val Müstair.
La boucle était donc bouclée.
J'ai dîné, dormi, et petit-déjeuné à l'hôtel-restaurant Gasthof Stern où j'ai été merveilleusement bien reçu, et où tant la nourriture que le confort de la chambre proposaient un rapport qualité-prix absolument démentiel, surtout au pied de l'un des cols les plus touristiques du massif des Alpes tout entier.
Au moment de m'endormir, des étoiles plein la tête et des belles images scotchées à la rétine
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- Jour 5 : par ici !