par MV78 » Ven 6 Juil 2018 12:39
J’ai eu la chance de pouvoir essayer cette moto le mois dernier. En voici un rapide compte rendu. Pour plus de détails, je vous renvoie à l’essai longue durée réalisé par Moto Revue dans son numéro du 20 juin 2018.
A l’arrêt, la 1000 XR impressionne ! Elle est volumineuse et haute (et encore plus quand elle est sur la centrale). Le tableau de bord est relativement simple avec un compte-tour analogique (zone rouge à 11 000 tr/mn !) et un compteur de vitesse numérique. Personnellement je trouve cela plus agréable, surtout en ces temps où, en France, on se focalise tellement sur la vitesse. Pas de remarque particulière au niveau des commodos, qui sont les mêmes sur toutes les BM récentes, à très peu de choses près. La bulle est réglable sur deux positions. La selle conducteur paraît très fine. Détail pratique, il y un réel espace de rangement sous la selle. A manœuvrer à l’arrêt, la 1000 XR paraît paradoxalement "peu lourde" (et c’est d’ailleurs réellement le cas, avec « seulement » 228 kg).
Une fois assis dessus, on est frappé d’abord par la largeur du guidon. Si on ajoute à cela la selle à 840 mm, la 1000 XR standard est clairement une moto pour les plus grands : j’attrape bien le guidon, mais je n’arrivais pas à poser les deux pieds complètement à plat sur le sol (alors que je fais un bon mètre quatre-vingts) . La position est agréable : dos bien droit, très peu en appui sur le guidon et jambes peu pliées. Les commandes tombent bien sous la main, sauf le levier d’embrayage qui est (très) loin et non réglable... Enfin, au premier abord, la selle apparaît assez ferme.
Contact. Le pot (d’origine) se manifeste tout de suite par sa présence sonore. Mieux vaut ne pas être trop matinal et habiter en pleine ville, sinon les voisins (voire tout le quartier) vont vous maudire rapidement ! Première, seconde (le levier d’embrayage est décidément bien loin et à l’usage assez dur) et déjà de l’interfile au bout de quelques mètres. L’impression de dominer la route et de voir loin est, dans ces conditions, très agréable. Malgré son gabarit, la moto se faufile bien et est très maniable. Le pot a là l’avantage de son inconvénient : les voitures vous entendent arriver et, pour ceux qui ont le nez sur leur téléphone portable, un petit coup de gaz permet de les ramener à la réalité et de libérer facilement et rapidement de l’espace.
Une fois la route dégagée, cette moto est un « pousse au crime ». Avec le moteur de la S 1000 R dégonflé à « plus que » 165 cv, j’ai cru perdre tous mes points de permis en un peu moins d’une heure. Ça pousse tout le temps ! Ce moteur est démoniaque. Mais pour l’exploiter vraiment (la zone rouge est à 11 000 tr/mn), il n’y a que deux solutions : le circuit (car finalement, c’est une sportive habillée en trail) ou les Autobahnen (qui sont malheureusement un peu loin de Paris…). Ce moteur est également très souple, au point qu’une fois en sixième, nul besoin de rétrograder, il reprend même sous les 2 000 tr/mn. En caricaturant, seule la première et la sixième sont utiles, le reste en sert pas à grand-chose. Après le côté Jekill, c’est le côté Mr. Hyde : on peut cruiser tranquillement en sixième (avec l’assurance d’avoir tout le temps sous la main une très grosse réserve de puissance). Pas besoin de shifter finalement (la moto d’essai n’en avait d’ailleurs pas), même s’il est, paraît-il, très agréable. Le comportement est très sain et n’appelle pas de critiques. Cette moto se conduit facilement, même si j’ai trouvé qu’elle s’inscrivait légèrement moins bien en virage que ma 1200. Enfin, le freinage est efficace.
Par contre, et c’est à mon sens le véritable point noir de cette moto, les vibrations (dans le guidon et les repose-pieds) sont omniprésentes, quel que soit le régime. J’ai trouvé cela gênant sur ce court essai. Impossible par contre de savoir si, sur la durée, cela devient un vrai handicap. En tout cas, cela gêne aussi la rétrovision, qui est très floue, au point qu’il est impossible de savoir quelle est la voiture qui est dans votre sillage, si tant est qu’il y en ait encore une ! Et, pendant qu’on est dans les côtés négatifs, la selle fine se révèle un peu dure à l’usage.
Au final, c’est une sportive haute sur patte, au moteur enthousiasmant, facile à conduire, avec laquelle on peut aller vite, voire très vite en Allemagne, et certainement longtemps, grâce à une position droite globalement confortable et une protection très correcte. Mais elle demande de garder la tête froide et de faire l’impasse sur les vibrations.