Comme me l'a gentiment suggéré Seeya, je rajoute mon grain de sel à la conversation... Il existe effectivement un autre topic plus ancien à ce sujet, mais peut-être qu'un modo pourra les fusionner ? Préparez-vous, ça risque d'être un peu long... (écrire, c'est mon boulot
)
Remettons-nous dans le contexte: j'ai 22 ans, je viens de décrocher mon premier "vrai" job en CDI, j'ai déménagé en banlieue après avoir vécu à Paris pendant mes études. Je suis mobile (pour la p'tite histoire, on dit "rédactrice de comptes rendus de réunions professionnelles" : je vais dans les boîtes assister aux réunions des autres pour rédiger les PV) et mon rayon d'action est ... large. Du coup je passe un temps monstre dans les transports et je fais des km à pied dans des zones industrielles paumées au milieu de nulle part.
C'est à peu près à ce moment-là que je monte sur une moto pour la première fois de ma vie, en SDS. J'ai la trouille parce que mon pote roule comme un malade, mais je kiffe et je me dis "pourquoi pas?" Je fais la formation A1 dès que je peux, et j'achète mon tout premier 2RM: un X-max (polyvalent et pratique avec le coffre de selle qui tient deux casques intégraux... Ou un ordinateur et plein de bordel) tout neuf. Je demande donc à ma boîte de l'utiliser pour le boulot, j'obtiens l'autorisation, je fais rapidement 1 200 kilomètres par mois entre mes déplacements pro et perso.
Quatre mois plus tard, première gamelle sur un rond-point, après 40 bornes sous une pluie battante, c'est en arrivant chez mon client (alors qu'il ne pleut plus) que je glisse sur une flaque de carburant. Le X-max acquiert de belles rayures, moi un passage par les pompiers et des béquilles car c'est mon genou qui m'a ramassée. Plus de peur que de mal, je remonte sur l'engin deux jours plus tard.
Trois mois plus tard... Je pars en mission en début d'aprem, je dois passer par le périph qui roule - comme d'hab - en accordéon. Je vois la porte à laquelle je dois sortir arriver, je suis sur la troisième file. Je me décale sur la deuxième, vais pour me décaler sur la première, je contrôle mon angle mort à droite... Lorsque je ramène mon regard vers l'avant, je rencontre les feux stops bien rouges de la petite camionnette qui me précède (et qui ne m'a probablement pas captée, rapport pas de vitre arrière ni de rétro intérieur). Je ne sais pas réaliser un évitement, pour cause 7 heures de formation avant de prendre la route seule. Je tente de freiner tout en essayant de me déporter vers la droite (on n'est pas forcément logique dans ces situations là). J'ai le temps de penser : "ça va taper..."
Je reviens à moi allongée sur le dos sur le périph', avec des gens partout autour de moi et un motard qui me parle. J'ai du mal à entendre, alors je demande qu'on ouvre ma visière. On me répond : "Mais mademoiselle, vous n'avez plus de visière !" (Ah.) On me demande si j'ai mal, j'ai l'impression que mes genoux ont tapé. Il s'avérera que j'ai de beaux bleus, mais rien de plus de ce côté. J'ai du mal à bouger mon poignet droit - je comprendrai par la suite que je suis restée crispée sur mon frein jusqu'au bout, et que j'ai donc fait pivot dessus pour aller m'encastrer tête (puis épaule) la première dans le Caddy Van (depuis j'ai peur de ces trucs
)
Les pompiers arrivent, on m'enlève mon casque (j'ai la présence d'esprit de rappeler que j'ai une oreillette à droite pour le GPS). Le gentil pompier me propose d'essayer d'enlever mon blouson de moto sans le découper, je dis oui, c'est là qu'on comprend que ma clavicule n'a probablement pas aimé jouer les amortisseurs. Le blouson passe (je pense à la facture d'achat en serrant les dents) mais la veste de tailleur en dessous passera aux ciseaux. Je refais un tour d'ambulance, je raconte mon histoire à un policier qui a l'air désolé pour moi, comme l'était le conducteur du Caddy Van qui a pilé sans regarder/voir, mais à qui du coup ça a dû faire un choc ! Direction l'hosto : pas de trauma crânien (merci mon Scorpion exo-500 qui n'avait que trois semaines), une sale gueule (mon visage a heurté la visière, j'ai le nez qui saigne, le front ouvert et une lèvre pochée), mais la clavicule est cassée et devra être opérée.
Je prends deux mois et demi d'arrêt et une interdiction d'utiliser un deux-roues pour mes déplacements professionnels. Je ne l'ai pas exactement volé, mais j'ai pleuré tout le trajet vers l'hosto à cause de ça - c'est couillon, mais c'était le bon moment pour se rendre compte que je ne savais même pas si je pourrai reconduire un deux-roues... Je prends également 1,25 de malus direct - première année d'assurance. Je pleurerai le jour où je verrai les photos du scooter - mes parents ont dû se charger des démarches de remorquage etc. à ma place vu que j'étais à l'hosto. Le scoot est détruit. Il a été littéralement "comprimé" de 50 centimètres à l'avant, le plancher/cadre est en zigzag, la selle a été arrachée sous la violence du choc (une chance, on a récupéré toutes mes affaires qui s'étaient éparpillées partout, même si l'écran de mon PC pro n'a pas aimé la rencontre à 70 km/h avec le bitume).
Trois mois plus tard, je rachète une vieille Varadero 125. Six mois après, j'obtiens mon permis A. Je considère que j'ai de la chance car j'ai black-outé au moment du choc, je suis passée directement du "et meeeerde" à "oh tient, y a quelqu'un qui me parle! Oh ben mince, je suis allongée par terre!" même si ça ne m'a pas empêchée d'avoir une trouille affreuse lorsque j'ai repris, qui se manifeste encore de temps en temps (comme quand un c*nnard se rabat sur ma roue avant sans avoir regardé son angle mort).
Moralité de l'histoire :
- se contenter du A1 pour faire des longs déplacements (pas simplement en ville, beaucoup d'autoroute, beaucoup de kilomètres) quand on n'a pas d'expérience de 2RM : très mauvaise idée
- savoir réaliser un évitement peut sauver la vie (c'est p't'têtre pour ça que j'ai loupé mon premier plateau là-dessus...
)
- savoir anticiper, ça ne se décrète pas (si j'avais su où regarder, j'aurais peut-être vu que ça ralentissait plus loin devant)
- il ne faut jamais rester derrière un véhicule sans visibilité à l'arrière (ou du moins juste derrière bien au milieu)
- les distances de sécurité, c'est pas pour les chiens
- le scooter, c'est bien, la moto c'est mieux - deux raisons: garde au sol (rapport premier incident, un scoot se couche bien plus facilement) et surtout frein moteur. Sur un 125 à plus de 50-60 km/h, c'est bien simple, il n'y en a pas. Pour ralentir l'engin, il n'y a que les freins, et mine de rien, ça joue - pour avoir testé scoot et moto en 125, je me sentais plus en sécurité sur ma vieille Vara !
- on ne répétera jamais assez à quel point il est important d'être bien équipé. Je roulais en Dr Martens (depuis j'ai investi dans des vraies bottes) qui ont protégé mes chevilles, les coques du blouson ont bien joué leur rôle d'amortisseur (même si insuffisant pour éviter la fracture), je n'ai rien eu aux mains (rédactrice et claviériste, j'aurais bien été dans la merde...) et surtout... j'ai racheté le même casque dès que j'ai pu me déplacer !