Récit d’un roadtrip réalisé avec des amis rencontrés sur le forum motards-IDF. Outre le partage d’expérience, cet article a pour but de vous donner envie de rejoindre le forum et d’ouvrir la porte d’un monde rempli de belles rencontres et aventures.
Samedi – jour 0 – la traversée
Après une semaine passée dans les Cévennes à Villefort, nous sommes 7 à rejoindre Toulon le samedi 11 en passant par Avignon. Natty et sa Pan European trentenaire, Odile et sa CB1000R, Lucile et son Monster 821, Sabine et son VFR Crossrunner, Teddy et sa ZX1000, Tak et sa CBF1000 et enfin votre serviteur et sa Multistrada 950.
L’étape est assez longue, 330 km, et les routes pas super passé Alès. Juste avant Toulon, nous empruntons la DN8, équivalent local des 17 tournants de la vallée de Chevreuse, avec une circulation ne permettant de profiter ni du tracé ni des paysages.
Nous sommes 3 à avoir perdu la tête du groupe au moment d’entrer dans l’agglomération toulonnaise et rejoignons le port pour retrouver le reste de la bande ainsi qu’un 8ᵉ larron, Willy et sa ZZR1400.
Nous dînons sur le port dans le restaurant le plus proche, dont le personnel n’est manifestement pas là pour servir ses clients et dont il semblerait que l’hygiène ne soit pas non plus une priorité. Nous apprenons plus tard que cet établissement est réputé jusqu’en Corse. Une adresse à ne pas oublier d’éviter !
L’embarquement est prévu à 23h, heure tardive par rapport à nos heures de coucher de la première semaine. Nous rejoignons le quai d’embarquement en passant devant tout le monde pour nous retrouver sur la première ligne avec nos autres collègues à deux roues. L’attente est longue et il fait encore bien chaud malgré l’heure, nous profitons des brumisateurs de la gare maritime.
L’embarquement se passe plutôt bien malgré un peu de retard et un manque de consignes quant au sanglage des motos. Une rumeur parmi les motards nous fait comprendre que c’est de notre responsabilité et nous nous attelons donc à la tâche, pas toujours aisée en raison de l’exiguïté des lieux et des gains d’espaces réalisés par le personnel non francophone de Corsica Ferry. Bref, c’est le bordel !
Pour la traversée, nous avons choisi de nous entasser à 4 dans une cabine, je repenserai à cela lorsque Tak nous fredonnera plus tard dans le séjour « les sardines » d’un certain Patrick S. avec des paroles et un air, disons… approximatifs.
Une autre rumeur nous informe que nous devons libérer la-dite cabine à 7h et c’est pas bien frais que nous nous exécuterons, constatant en fait qu’on aurait pu grappiller au moins 30 minutes de sommeil.
Le temps d’un petit café sur le pont du ferry et nous apercevons notre terre promise… la Corse !
Dimanche – jour 1 – le débarquement
Il n’est pas encore 9 h mais le soleil tabasse déjà bien avec nos tenues de motards. Nous prenons le petit déjeuner à proximité du port de Bastia à la Brasserie l’Amiral. Nous y sommes très bien accueillis et le propriétaire a l’habitude de consoler les clients de la Lampa. Nous faisons le plein avant de partir à la découverte de l’Île.
Nous projetons de faire le tour du cap corse pour rejoindre le premier camping à Calvi – spoiler alert : ça ne va vraiment pas se passer comme prévu.
La circulation est assez dense en ce dimanche sur la route D80. Certains décident de tenter une échappée en doublant les nombreuses boîtes à roues qui nous précèdent et le groupe s’étire. Après quelques kilomètres, nous apercevons Willy nous faire coucou depuis le bord de la route. Quelques kilomètres plus loin, je réalise que c’est quand même bizarre que nous n’ayons pas vu sa moto près de lui. Je rattrape donc Odile et nous faisons demi-tour avec Sabine pour aller voir de quoi il retourne. Sur place nous retrouvons Willy et Teddy, la moto de Willy a décidé de rejoindre le maquis. Petit message au reste du groupe qui est déjà loin et nous attendons tous ensemble la dépanneuse, les plus courageux, dont je ne fais pas partie, ont rapatrié la ZZR au bord de la route.
La dépanneuse arrive et propose de déposer Willy au camping le plus proche. Nous poursuivons notre route jusqu’à Rogliano pour le déjeuner. Une fois rassasiés, nous sommes tous d’accord que ce n’est pas sympa de laisser Willy tout seul pour sa première nuit de camping, lui qui s’est tapé 800 km d’autobeurk la veille pour nous rejoindre à Toulon. Nous faisons donc demi-tour et le rejoignons au camping Aria Marina à Meria. Le bougre est déjà installé et, après avoir monté nos tentes, il nous invite à piquer une tête dans la piscine avec vue sur la mer.
Le camping est assez sympathique et les emplacements sont délimités par des haies fleuries. Il manque toutefois d’un peu d’arbres pour faire de l’ombre. Nous terminons cette journée autour d’un apéritif accompagné de planches de charcuterie et de fromages corses non loin de la piscine.
De retour à notre emplacement, je constate que le vent a eu raison de mes sardines et que ma tente, pourtant la seule à être arrimée au sol, est retournée quelques mètres plus loin le long de la haie. Visiblement, quatre sardines, mon casque et mes affaires ne sont pas suffisants pour l’empêcher de jouer les filles de l’air. C’est avec une détermination renforcée que je replante mes sardines quelques mètres plus loin à l’abri du vent.
Lundi – jour 2 – le jour de la marmotte
Nous replions les tentes et remballons nos affaires pour repartir à l’assaut de l’île, abandonnant Willy à son triste sort. Le garage étant fermé, il ne saura que le lendemain ce qu’il adviendra de sa moto.
Nous partons donc avec l’objectif de finir le tour du cap corse et de rejoindre Saint-Florent pour le déjeuner. Mais c’était sans compter sur la fiabilité, non d’une des deux Ducati, mais de la mamie Honda qui décide de s’arrêter à la sortie d’un virage. Ayant esquivé brillamment mes camarades arrêtés au milieu de la route en sortie de virage, je réaliserai quelques kilomètres plus loin qu’ils avaient peut-être un problème et décide de faire demi-tour avec Odile et Sabine pour aller les rejoindre. Une fois les motos mises en sécurité, non sans mal, sur un accotement avant le virage pour prévenir ainsi les usagers et les faire ralentir, nous rejoignons le reste du groupe et constatons que la Pan a décidé de ne plus démarrer.
Connaissant bien un dépanneur pas trop loin du lieu de l’incident, nous faisons appel à ses services. Il déposera Natty au camping de la veille, il rejoindra ainsi Willy, et nous faisons demi-tour pour aller déjeuner… à Rogliano. Deux d’entre nous apportent à manger aux deux aventuriers échoués au camping et nous envisageons les scenarii possibles. Certains d’entre nous sont prêts à prêter leur moto aux deux malheureux et à louer une voiture pour continuer tous ensemble ce tour de Corse qui nous a tant fait rêver depuis des mois. Cette solution ne sera cependant pas retenue par les deux intéressés qui gardent espoir de nous rejoindre plus tard avec leurs montures.
Nous ne sommes donc plus que six à poursuivre l’aventure en attendant des nouvelles des autres et vu le retard accumulé, nous décidons d’établir le campement à Saint-Florent, au camping d’Olzo. Nous apprendrons alors que les deux infortunés ne retrouveront pas leurs belles de si tôt et retournent en avion sur le continent.
Le camping est très ombragé et dispose également d’une piscine ainsi que d’une pizzeria. Nous savourons donc notre chance d’avoir pu poursuivre l’aventure et d’avoir fait en deux jours la moitié de la première étape.
Mardi – jour 3 – en avant Guingamp !
Le roadtrip était prévu sur une semaine avec seulement 4 jours de roulage et des jours de repos pour profiter de la Corse. Nous avons désormais du retard à rattraper. Nous décidons alors de zapper Calvi et de rejoindre directement Bonifacio, l’objectif de la deuxième étape prévue initialement.
Nous reprenons donc la D81 pour rejoindre l’Île-Rousse où quelques difficultés de circulation et de stationnement nous amèneront finalement à déjeuner plutôt que de juste faire une pause. Nous revoyons nos prétentions et décidons finalement de faire étape pour la nuit à Porto, un peu avant Cargèse qui était censé être la pause méridienne de la deuxième étape. Il fait plus de 30°C et l’après-midi, rouler est un véritable calvaire.
Nous plantons nos tentes au camping municipal. À défaut d’avoir une piscine, nous avons la mer à proximité. Déjà brûlé par le soleil traître qui a tendance à tourner sournoisement à chaque fois que je me mets à l’ombre pour déjeuner, je profite de la fin d’après midi à boire de l’Orezza avec Sabine sur le port de la cité balnéaire, partie de la commune d’Ota.
Nous nous retrouvons tous les six pour un tour en bateau pour voir les calanques de Piana. Nous avons été quelque peu désarçonnés par la puissance du bateau propulsé par ses deux gros moteurs Yamaha. Nous avons sauté de vagues en vagues à un rythme dynamique ++ nous penchant comme il se doit lors des virages que notre capitaine nous imposait.
Arrivés sur place, nous avons profité de la visite guidée, bien plus calme, et de manœuvres osées dans les grottes et entre les rochers. Le retour au port a été aussi mouvementé que l’aller avec une séance de slalom fort bien exécuté entre les bouées.
De retour sur la terre ferme, nous sommes allés nous remplir la panse dans un restaurant de bord de plage. Ce fut l’occasion de faire une réunion pour décider de la suite du programme avant de regagner nos tentes.
Mercredi – jour 4 – on dirait le Sud
Nous retournons au port pour le petit déjeuner. Le programme de la journée est chargé puisque nous décidons de rattraper le retard accumulé et de rejoindre Bonifacio au Sud de l’Île. Un peu plus de 200 km nous séparent de notre prochaine destination et pour arriver suffisamment tôt au camping des Îles pour profiter de la piscine, nous n’avons pas le temps de traîner.
Pour manger, nous nous éloignons du parcours prévu et rentrons à l’intérieur des terres jusqu’à Bastelicaccia. Le village dispose de toutes les commodités recherchées : tabac, station service et boulangerie. Nous nous posons à l’ombre pour un pique-nique improvisé. Tak en profitera pour laver sa moto. Avant de repartir en direction de Bonifacio, nous nous rassemblons pou un petit selfie de groupe.
Nous reprenons la T40 avec des portions assez tournantes même si la fin est un peu trop rectiligne à mon goût. Le camping dispose d’une piscine et d’une épicerie. Il est situé près des plages de Piantarella, du petit Sperone et du Grand Sperone. L’endroit plaît à tout le monde et nous décidons de nous poser pour deux jours avant de poursuivre notre périple.
Une fois les tentes montées, nous profitons de la piscine et commandons des pizzas, le restaurant du camping n’étant pas encore ouvert à cette période.
Jeudi – jour 5 – dispersion
À l’issue d’une nouvelle réunion, nous décidons de former plusieurs groupes afin que chacun puisse profiter de sa journée. Un premier groupe reste au camping pour se reposer et profiter des plages tandis que Tak, Lucile et moi enfourchons les motos pour aller jouer les touristes à Porto-Veccio.
En chemin, nous faisons un détour pour aller voir la plage de Rondinara, réputée comme l’une des plus belles de l’île. Helas, sans possibilité de se garer autre part que sur le parking payant, nous rebroussons chemin sans avoir pu l’admirer.
Un parking moto (gratuit) nous attend à Porto-Veccio et nous parcourons le centre-ville à la recherche d’un restaurant. Nous en trouvons un avec une terrasse à l’ombre qui propose des poké bowls. C’est pour moi l’occasion de goûter et de faire, pour une fois, un repas équilibré.
Une fois rassasiés et rafraîchis, notre groupe de trois se divise en deux, Lucile retournant au camping pour aller bronzer sur la plage tandis que Tak et moi partons à l’assaut de la montagne en direction de Zonza.
Les routes à l’intérieur de l’île sont bien moins fréquentées et nous avançons plutôt bien. Nous apercevons le lac de l’Ospedale sur notre gauche mais la soif me conduit à repousser l’arrêt photo au retour. C’est qu’il fait toujours aussi chaud sur cette île.
Nous trouvons une terrasse également à l’ombre à Zonza où nous profitons de la vue.
Après quelques bouteilles d’Orezza agrémentées de sirop, nous retournons au camping. Sans m’en rendre compte, nous ne reprenons pas la même route qu’à l’aller et j’ai guetté le lac jusqu’à ce que nous passions dans un tunnel, qui n’était pas là auparavant. Tant pis, nous reprenons notre route pour aller rejoindre les copains et nous jeter dans la piscine.
Afin d’éviter de s’équiper de nouveau pour aller au restaurant, nous faisons quelques emplettes à la supérette du camping et improvisons un dîner pique-nique suivi d’une réunion pour décider de la suite.
Odile et Lucile décident de rester sur place une journée de plus tandis que j’emmènerai le reste de la troupe à Corte via la montagne. Nous nous rejoindrons samedi à Bastia pour reprendre le ferry.
Vendredi – jour 6 – la montagne, ça vous gagne
Notre groupe de quatre repart sur ses traces par la T40 jusqu’à Sartène et prenons ensuite la D69 qui serpente dans la montagne. Sur la route, nous croisons tous types d’animaux, manifestement habitués au passage d’engins à moteur : cochon sauvage, vaches, serpent et un chien, couché au beau milieu de la route qui nous regarde passer bien tranquillement.
Nous nous arrêtons pour la pause déjeuner à Aullène au restaurant I Sabidni. L’accueil tant que la cuisine sont délicieux. La propriétaire fabrique des gâteaux et les vend dans sa boutique adossée au restaurant, un vrai régal pour le nez et les papilles, notamment les beignets au brocciu ! Le patron a le sens de l’accueil et de l’humour et c’est le ventre plein et le sourire jusqu’aux oreilles que nous reprenons la route en direction de Corte.
Nous arrivons au camping Santa Barbara en dehors des heures d’ouverture de la réception. Fatigués et accablés par la chaleur, nous décidons d’attendre sur place assis à l’ombre, il y en a pour environ une heure et demie. Heureusement, quelques minutes après quelqu’un passe et nous invite à nous installer en attendant l’ouverture. Petit coup d’oeil sur le plan pour repérer le meilleur emplacement et nous voilà partis… sauf que le plan du camping ne correspond absolument pas au camping qui est bien plus petit qu’annoncé. Nous nous installons tout au bout, soit à 5 minutes à pied de l’entrée. Il fait vraiment trop chaud et je décide de reporter le montage de tente à plus tard.
Une fois les formalités remplies nous profitons du bar et de la piscine, l’endroit est vraiment accueillant. Nous passons la soirée sur la terrasse à boire l’apéritif et manger des cacahuètes, le restaurant étant fermé. Il fait déjà bien noir et c’est l’heure de se coucher. Un peu éméché et complètement dans le noir, je ne me vois vraiment pas monter la tente et décide de dormir à la belle étoile. La nuit fut très agréable malgré une lueur étrange en plein milieu de la nuit, le lampadaire au coin de notre emplacement qui ne fonctionnait pas auparavant a décidé de s’allumer de 2h à 4h du matin. Il en faudrait beaucoup plus pour m’empêcher de me rendormir.
Samedi – jour 7 – les retrouvailles
Nous n’avons qu’un peu plus d’une heure pour nous rendre à Bastia et le bateau part à 19h30, on est larges ! Nous partons en fin de matinée et arrivons près du port pour le déjeuner. À l’unanimité nous avons décidé de retourner dans le premier établissement qui nous avait accueilli sur l’île.
Toujours assoiffés par la chaleur nous nous hydratons comme il faut et profitons de notre dernier repas corse. Odile et Lucile nous rejoignent après mangé et nous partons attendre l’embarquement sur le quai.
Ici, pas de gare maritime, pas de brumisateur mais heureusement juste suffisamment d’ombre pour nous six. L’embarquement est quelque peu chaotique et nous sommes dispersés dans les cales du ferry.
Nous nous retrouvons pour un selfie de groupe avant de profiter d’un verre et d’une planche de charcuterie / fromage dans le restaurant panoramique avant de rejoindre nos couchettes. Nous accueillons Odile dans la cabine des garçons, la pauvre n’en avait pas pour le retour et celle des filles ne contenait que deux lits.
C’est la fin de notre merveilleuse aventure corse mais pas la fin des vacances puisqu’il nous reste une semaine de roadtrip dans les Alpes pour rentrer tranquillement.