Les modèles les plus couramment utilisés comme moto d’école sont aussi les plus vendus. Beaucoup de débutant(e)s trouvent rassurant de commencer leur carrière motarde par la seule moto qu’ils connaissent bien. Certains poussent le raisonnement jusqu’au bout en rachetant une ancienne moto d’école, souvent vendue à bas prix. Est-ce un bon plan ?
Les modèles choisis par les écoles moto (ou moto-écoles) pour préparer les candidats aux épreuves pratiques de l’examen des permis A et A2 rassemblent en général des avantages intéressants pour les motards débutants : un poids contenu, un prix d’achat raisonnable, une bonne agilité, une fiabilité correcte, une revente facile…
Logique que la moto la plus présente sur les plateaux d’entraînement, la Kawasaki ER-6n, soit aussi la plus vendue en France en 2013 !
Si on y ajoute les autres motos qui se partagent le marché des écoles de conduite, comme la Yamaha XJ6N, la Suzuki Gladius, les Honda CBF500N et 600 Hornet, la Yamaha XT 660… cette catégorie représente le plus important segment du marché moto, que ce soit en neuf ou en occasion.
Un jeune permis à la recherche de sa première moto, souvent un roadster « mid-size » ou une basique de 500 à 650 cm3, généralement d’occasion pour des raisons de budget limité, tombera forcément sur des annonces d’anciennes motos d’école à vendre.
Et là se pose la question : affaire intéressante ou pas ?
Première réponse simple : pas de règle en la matière !
Une moto d’occasion ayant servi de moto d’entraînement en école peut être une excellente affaire comme la plus infâme des bouses. Certaines vous accompagneront des années et des dizaines de milliers de kilomètres sans aucun souci, d’autres vous emmèneront les pires ennuis à répétition…
Comme toutes les motos d’occasion, en fait.
Voyons ensemble les différents cas de figure, les avantages et inconvénients d’acheter une moto d’école d’occasion.
Tout d’abord, il faut distinguer les différentes situations qui amènent une moto-école à revendre ses machines.
La réglementation de l’enseignement de la conduite oblige les établissements de formation à renouveler leurs véhicules à intervalles réguliers : les motos d’école ne doivent pas être âgées de plus de six ans.
Une petite moto-école, avec peu d’élèves, a tout intérêt à acheter ses machines et à les faire durer le plus longtemps possible. Quand elle les revendra, les motos ont de grandes chances d’avoir été durement éprouvées pendant ces cinq à six années. On risque grandement d’avoir affaire à une authentique « merguez », qui coûtera plus cher en réparations qu’à l’achat… A privilégier seulement si vous comptez garder la moto moins de six mois !
A l’inverse, les grands centres de formation moto font régulièrement tourner leur parc de motos. Ils ont en général recours à la location avec option d’achat (LOA ou « leasing ») et renouvellent leurs motos tous les ans, voire tous les six mois. Dans ce cas, c’est le concessionnaire qui les récupère, les révise et les revend. On a donc affaire à des machines récentes, qui n’auront normalement pas eu le temps de trop s’user. Normalement…
Avantage d’une moto d’école d’occasion : vous aurez en général un historique complet de l’entretien.
Dans la mesure où il s’agit de véhicules de société, ils sont en général entretenus par des pros et le propriétaire en conserve systématiquement les factures d’entretien. Vous saurez tout ce qui a été fait en termes de réparations, de consommables, de révisions…
Attention : dans les petites moto-écoles, l’entretien est souvent réalisé par le moniteur ou le patron, en général « à l’économie » pour parler gentiment, c’est-à-dire à l’arrache et le moins souvent possible, bien entendu sans facture.
Inconvénient d’une moto d’école : vous n’aurez aucune idée du vécu de la moto.
Combien de fois a-t-elle chuté et à quelle vitesse ? Servait-elle exclusivement pour le plateau ou seulement pour la circulation ? Ou bien encore les deux ? A-t-elle été « cannibalisée », dépouillée de toutes ses pièces en bon état ? Malgré les beaux discours que pourra vous sortir le vendeur, vous n’aurez jamais de certitude.
Avantage : elle aura été équipée de barres de protection qui évitent (la plupart du temps) les gros impacts.
Inconvénient : les fixations de ces barres sont parfois placées à des endroits peu judicieux et les chocs multiples des chutes peuvent entraîner différents dégâts gênants, comme des tubes de fourche vrillés ou tordus, un cadre qui a bougé…
Avantage : une moto d’école affiche généralement peu de kilomètres.
Inconvénient : mais quels kilomètres ! Pas de temps de chauffe, des montées en régime brutales et parfois à froid, des sur-régimes réguliers, des heures à faire cirer l’embrayage, des chutes à répétition, le moteur qui chauffe pendant des heures de plateau à faible vitesse…
Avantage : une moto d’école est en général assez peu usée côté moteur (même si le rodage a été saccagé, voire inexistant), elle n’a pas stunté, n’a jamais fait de wheelings, ni de rupteurs à répétition, la partie-cycle a peu souffert.
Inconvénient : par contre, la transmission a souvent morflé grave. L’embrayage a été très sollicité, la boîte de vitesses a été mal maniée, matraquée par des débutants qui ont d’autres priorités que de prendre soin d’un matériel qui ne leur appartient pas. De plus, il arrive fréquemment que les butées de direction aient été limées pour braquer plus serré.
Les pièces qui sont le plus souvent très usées et devront de préférence être remplacées avant achat sont l’embrayage et le démarreur.
Le premier a été très sollicité par des heures de travail au point de patinage. Le second a été sur-sollicité par des calages très fréquents avec le redémarrage qui suit.
Les moteurs à refroidissement liquide souffrent moins des heures passées à chauffer à basse vitesse. Par contre, les moteurs à refroidissement par air et huile s’avèrent en général usés prématurément, avec de gros soucis de joints.
Avantage : vous l’achèterez très en-dessous de la cote.
Inconvénient : vous aurez du mal à la revendre, du moins à un professionnel. Les pros repèrent facilement les anciennes motos d’école et rechignent à les reprendre. Vous devrez donc la vendre à un particulier. Si vous êtes honnête, vous la revendrez très peu cher. Si vous lui cachez que c’est une ancienne moto d’école, il y a moyen de faire une bonne affaire.
Bilan ?
Une ancienne moto d’école peut être une bonne affaire, mais à quelques conditions :
– moto mise en circulation depuis moins de deux à trois ans ;
– avec un historique complet, toutes les factures qui prouvent un entretien sérieux ;
– le changement à neuf des pièces d’usure (embrayage, démarreur, parfois boîte de vitesses) ;
– un prix très en-dessous de la cote (au moins 30%, voire 50% de ristourne).
L’idéal ?
Une moto récente, qui vient d’un grand centre, avec un entretien par un garage pro et de préférence qui n’a servi que pour la route.
Là, vous limitez grandement les risques de pépin mécanique.
Dans tous les cas, comme pour toute moto d’occasion, ne pas se fier aux photos !
Il faut aller inspecter la moto sur place, en direct. De préférence, la faire vérifier par quelqu’un qui s’y connaît et s’y connaît bien et réellement (pas juste le pote qui dit qu’il connaît parce qu’il sait graisser sa chaîne). Et surtout, bien sûr : l’essayer sur route, ce qui suppose d’avoir son permis.
Source Passion Moto